Revue de presse. “Il a pesé sur le temps et l’espace” pour The New Yorker. “Une performance à la Ronaldo” pour ESPN. “Un adolescent star” pour le Wall Street Journal. L’homme dont parle toute la presse américaine ces derniers jours, c’est Kylian Mbappé, un footballeur prodige de 19 ans qui a permis aux Bleus de se qualifier pour les 1/4 de finale de la coupe du monde, samedi, en marquant un doublé face à l’Argentine.
“Kylian Mbappé est rapide. Cela mérite d’être clarifié: la plupart des footballeurs professionnels le sont, dans le sens où ils se déplacent plus rapidement que la personne moyenne. Certains sont rapides de manière impressionnante, car ils se déplacent plus rapidement que le joueur moyen. La Coupe du monde a de nombreux joueurs pouvant couvrir une grande distance si rapidement que leur vitesse approche le niveau supérieur du potentiel athlétique humain. C’est ce qu’on veut dire quand on dit qu’un joueur est rapide. Mbappé est rapide dans un sens complètement différent“, peut-on lire dans The New Yorker.
Que les autres Bleus se réjouissent, il y en a pour eux aussi. Depuis le début du tournoi, la presse américaine se montre intriguée par cette équipe aux origines diverses, qui ne va pas sans lui rappeler la formation “black-blanc-beur” de 1998. La radio publique NPR s’est rendue à Bondy, ville de Mbappé, pour prendre le pouls des habitants. Malgré des réactions contrastées, la correspondante de NPR Eleanor Beardsley titre son reportage de façon optimiste: “L’équipe de France apporte une attention positive sur les supporters dans les banlieues“.
Le New York Times s’est également rendu à Bondy pour son sujet “Kylian Mbappé et les Boys des banlieues“, notant que “la vaste étendue de banlieues et de villes-satellites autour de Paris, considérées par certains comme des terreaux pour la criminalité et le terrorisme, sont les bassins les plus importants pour recruter des talents du foot en Europe“. Et de préciser que huit des vingt-trois joueurs choisis par Didier Deschamps proviennent de banlieue: “L’équipe, vue comme la meilleure depuis 20 ans, a été forgée à Bondy et d’autres endroits similaires.”
“Quand la France a joué contre le Pérou, neuf des quatorze joueurs qui sont allés sur la pelouse soit étaient nés en Afrique ou dans les Caraïbes françaises, soit étaient issus de parents originaires de ces endroits“, observait pour sa part Clint Smith, toujours dans The New Yorker, avant le match contre l’Argentine. “La montée de Marine Le Pen, comme de Donald Trump aux Etats-Unis, a montré que beaucoup de Français ne veulent pas que le visage du pays change. La France (…) pourrait aller loin dans le tournoi. Si cela se produit, cela sera à cause de la diversité que de nombreux Français ont du mal à accepter“.
Dans The New York Review of Books, l’écrivain américain Joshua Jelly-Schapiro raconte comment Eric Cantona a suscité sa passion pour l’équipe de France. “Des joueurs comme Pogba, Griezmann et Mbappé (né d’un père camerounais et d’une mère algérienne) montrent la même élégante audace de jeu qui m’a séduit en regardant Cantona. Leur simple présence dans l’équipe suggère des possibilités sans limite en terme de talents et, désolé Jean-Paul Sartre, d'”être”. Rien que ça !