C’est un musée perdu au fin fond de Queens dont la visite demande patience et persévérance.
Pour déambuler entre les œuvres du Living Museum, il faut en effet prendre rendez-vous à l’avance (la visite est gratuite) et se rendre jusqu’au centre psychiatrique de Creedmoor, à Queens Village, dans l’extrême est de New York. Il s’agit d’un ensemble d’établissements médicaux au milieu desquels se dresse une vieille bâtisse transformée en atelier d’artistes dans les années 1980.
Le musée expose des centaines d’œuvres créées par les patients du centre, tous atteints de maladies mentales chroniques. Tableaux inspirés de la culture pop-art sur lesquels on peut notamment découvrir un Nelson Mandela en costume de Superman, sculptures en fils de fer reproduisant des toiles de Pablo Picasso ou des êtres mythologiques comme cette famille d’humains à tête de cheval… Les créations s’enchevêtrent du sol au plafond dans une succession de salles.
John Tursi, l’un des artistes les plus prolifiques du Living Museum, est l’auteur notamment des sculptures en fils de fer, qu’il présente avec passion. « Depuis tout petit, j’ai toujours voulu être un artiste célèbre », dit-il, planté au milieu de la salle regroupant également ses nombreux tableaux et collages. De 1992 à 1996, cet homme, aujourd’hui âgé de 54 ans, fut un patient du centre mais il n’a jamais vraiment quitté les lieux depuis. « Je me sens chez moi ici, j’ai mon espace. Je crée à longueur de temps », explique-t-il.
Plus des patients, mais des artistes
Pour le docteur Janos Marton, directeur du musée et psychologue, amener l’art contemporain dans un centre psychiatrique était une évidence. « Nous sommes partis d’un constat simple : les personnes atteintes de maladies mentales sont créatives, explique-t-il. C’est même l’un des symptômes de ces pathologies. De plus, un patient dispose de ce dont tout artiste rêve : du temps. Certains créent huit heures par jour, de fait ils deviennent très bons au fil des années. Sur le long terme, les patients finissent par ne plus se considérer comme des malades mais comme des artistes. »
Le centre a une capacité d’hébergement de 322 patients et traite actuellement plus de 1.700 personnes. Selon Dr Janos Marton, environ 100 malades contribuent au Living Museum et ces lieux renferment la plus grande collection d’œuvres contemporaines dans un centre psychiatrique au monde. Des expositions sont régulièrement organisées et certaines œuvres sont mises en vente.
D’autres musées de ce genre existent à Gand, en Belgique, ou encore à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, où seulement une partie des œuvres a été créée par les malades.