C’est un retour aux sources : Tartinery, cette chaîne de bar à tartines lancée en 2010 par le Parisien Nicolas Dutko, revient Downtown. Depuis cet été, un nouveau lieu a ouvert ses portes, en plein cœur de Greenwich Village (233 Thompson street). Treize ans après le lancement de la première « Tartinery », à Nolita, un lieu qui a connu un très fort succès avant de fermer ses portes en 2018, faute d’accord sur le renouvellement du bail. Désormais, Tartinery compte six adresses dans Manhattan. Partout, les mêmes ingrédients : des produits frais à des prix abordables, une carte centrée autour des tartines, des salades, avec vins et cocktails, dans une déco moderne et très aérée.
« Notre premier lieu, à Nolita, nous avait vraiment lancés, apporté de la notoriété et défini notre image, se souvient Nicolas Dutko. Tartinery était devenu sexy grâce à ce spot. On avait une clientèle à 80% féminine et on marchait très fort le soir, parce que contrairement aux autres lieux ressemblant au nôtre, on servait aussi du vin et des cocktails. On espère recréer un peu cet esprit à Greenwich Village. On ne veut pas être perçu comme une chaîne, on veut que tous nos restaurants soient vus comme des lieux uniques. » Tout en restant fidèle à l’ADN de la marque française, un mélange d’influences né des rencontres et des voyages du fondateur. « Je me suis inspiré de pleins de choses, reconnaît-il. On a travaillé avec un chef français pour élaborer nos recettes. J’ai voulu créer un concept de café français mais avec une patte new-yorkaise. J’ai aussi été marqué par les cafés australiens de ce style lors de mon voyage là-bas. »
Tartinery commence à se faire une place dans le paysage new-yorkais. En 2019, Nicolas Dutko et ses équipes ont remporté un appel d’offres et ouvert un lieu dans le Dining Concourse de Grand Central. Ils sont aussi présents au rez-de-chaussée de l’Olympic Tower (5th Av & 51st st); dans The Shops at Columbus Circle; ainsi qu’à Midtown, sur Park Avenue (au 90); et enfin au District, à Battery Park, où les Français ont poussé l’originalité jusqu’à ajouter au restaurant intérieur un bar sur le toit, avec vue sur la North Cove Marina.
« Créer et réussir à New York demande beaucoup d’efforts, explique Nicolas Dutko, qui s’est formé à l’Ecole hôtelière de Lausanne (Suisse) et qui vit dans la Grosse Pomme depuis 2007. Ici, si tu n’es pas prêt à énormément travailler, si tu n’as pas les dents qui rayent le parquet, c’est difficile. C’est une ville qui ne fait pas de cadeaux. » Le Parisien est très impliqué dans la création de ses lieux : il va jusqu’à choisir le marbre des tables ou le bois du bar. Il connaît personnellement tous ses fournisseurs. Il se fournit en pain auprès de Pain d’Avignon, après avoir longtemps importé de France celui de Poilâne (il est ami d’enfance de la PDG Apollonia). Il a aussi visité des vignobles en France pour créer un vin maison. « J’ai toujours été perfectionniste, confie-t-il. Quand je vois une tartine trop toastée, je pète un plomb ! » Difficile toutefois de croire que ce quadra à l’allure simple et décontractée, et aux airs un peu bourgeois-bohème, puisse se mettre en colère…
« Ce qui me plaît le plus aujourd’hui, c’est la création, la définition du concept d’un lieu », ajoute-t-il, alors que ses différentes adresses réunissent 160 emplois. Le lieu le plus fréquenté, celui de Grand Central, accueille 1000 clients par jour et génère 5 millions de dollars de chiffre d’affaires. Un beau succès que Tartinery pourrait développer en ouvrant de nouveaux lieux, essentiellement à l’extérieur de New York (Long Island, Connecticut, New Jersey) ou en Floride. Tartinery compte aussi développer son activité de catering, à partir de ses cuisines situées à East Williamsburg et qui alimentent tous les restaurants du réseau. « On fait tout sur place, nos soupes, nos sauces, etc, explique Nicolas Dutko. On n’achète rien de déjà cuisiné. » Une façon aussi de coller au nom du lieu. Tartinery comme une fabrique à tartines. Un petit goût d’enfance, des tartines de grand-mère, remis au goût du jour.