« JR est un artiste courageux qui a une vision, un idéal », s’est émue Alicia Keys sur la scène improvisée du rooftop de la galerie Perrotin mercredi 27 juin. Invitée surprise du vernissage VIP de l’exposition de JR, la chanteuse en plein enregistrement d’album a accordé quelques heures à son ami français.
Chapeau vissé sur la tête et invariables lunettes de soleil sur le nez, le photographe à l’identité secrète, mondialement connu pour ses œuvres monumentales et engagées, inaugure sa première exposition new-yorkaise, baptisée « Horizontal », dans le Lower East Side à New York du 28 juin au 17 août.
« J’ai voulu exprimer cette idée d’horizontalité, de discussion à un même niveau entre chacun, parce que c’est comme ça que toutes ces œuvres se sont créées », explique JR, quelques heures avant l’ouverture au public.
Sur deux étages, l’artiste offre un aperçu des coulisses de ses œuvres souvent spectaculaires et flirtant avec la légalité, comme « Kikito », la photo d’une vingtaine de mètres d’un petit garçon mexicain. Elle a été installée en septembre dernier au-dessus de la frontière avec le Mexique à San Diego. Elle réapparaît en version miniaturisée sur les murs immaculés de la galerie Perrotin.
« Comme je ne fais jamais visiter mon atelier, ça me permet de montrer tous mes “blueprints”, tous mes “sketches“, de montrer comment les œuvres sont faites », explique JR, qui s’est installé à New York il y a huit ans. « Les gens ne peuvent voir que l’œuvre finie alors qu’en fait, on passe par tous ces tests grandeur nature ou à l’atelier », poursuit l’artiste, auteur du projet participatif mondial « Inside Out », en cours depuis 2011.
« L’idée, c’était aussi de lier des projets qui ont parfois dix ans d’écart, mais qui restent dans le même axe, dans la même linéarité », poursuit l’artiste. Il fait par exemple écho à un collage gigantesque réalisé en 2014 sur un porte-conteneurs de 5.000 mètres carrés, grâce à un modèle réduit du même bateau.
En plus de cet art à taille humaine, le street-artiste a déployé deux œuvres gigantesques à l’extérieur de la galerie d’origine française : une photographie murale sur la façade en briques rouge de Perrotin et un œil immense – la marque de fabrique de JR – déployé sur le sol du rooftop.
« Nous voulions presque monter une exposition muséale, raconte JR. Il y a toujours cette dimension-là dans mes expositions à travers le monde. L’idée, c’est aussi que les gens puissent venir passer du temps ici et découvrir les œuvres ».