Recycler des mines du Laos pour en faire des bijoux: c’est le concept surprenant d’ARTICLE22.
A l’origine de cette initiative, une collaboration entre une New-Yorkaise de naissance, Elizabeth Suda, et une New-Yorkaise d’adoption, Camille Hautefort. Celle-ci a commencé son parcours bien loin du Laos : après des études en finance, à Paris puis Madrid, elle est arrivée à New York en 2006, où elle a commencé une carrière dans la banque d’investissement chez BNP Paribas. En 2012, c’est la rencontre avec sa collaboratrice d’aujourd’hui qui va tout changer : « La banque, ce n’était pas du tout fait pour moi », sourit-elle. C’est sans hésitation qu’elle a rejoint le projet déjà entamé par Elizabeth Suda.
Victime collatérale de la guerre du Vietnam, le Laos est le pays le plus bombardé au monde. Des 250 millions de bombes larguées par les Etats-Unis entre 1963 et 1974, 80 millions n’ont pas explosé et provoquent toujours des accidents, quarante ans après la fin du conflit. « Le Laos est un pays agricole, les paysans sont contraints de travailler dans les champs malgré les risques d’explosion, explique Camille Hautefort. Les enfants, curieux de tout, sont les premières victimes ».
Lorsque les bombardements cessent, en 1974, les Laotiens retrouvent leurs villages dévastés et couverts de débris de guerre. A Ban Naphia, un homme apprend à transformer ces vestiges de l’horreur en petites cuillères en faisant fondre l’aluminium des bombes. ARTICLE22 s’inspire de cette démarche dès 2010, en mettant les artisans du village à contribution dans la création du bracelet PeaceBOMB, sur lequel est gravée la formule “Dropped + Made in Laos”.
Ces bijoux et accessoires ne se contentent pas de sensibiliser le grand public aux conséquences catastrophiques des bombardements : « Chaque artisan gagne au moins cinq fois le salaire minimum, parfois bien plus lorsqu’il conçoit une pièce complexe ». Une partie de l’argent des ventes est par ailleurs reversée au village, permettant le développement d’infrastructures. ARTICLE22 remet également un pourcentage des ventes à l’ONG Mine Advisory Group, qui a détruit plus de quatre millions de bombes dans tout le pays. Autrement dit, chaque pièce vendue contribue au déminage du Laos.
Si l’histoire a commencé avec un simple bracelet, ARTICLE22 propose désormais toute une gamme de pièces vendues dans 40 pays, certaines très travaillées, serties d’or et de diamants, comme des bagues de mariage. Et le projet continue à prendre de l’ampleur : « On vient d’obtenir l’autorisation du gouvernement laotien de travailler avec les vrais fragments de bombes, non transformés. C’est un marché complètement nouveau car chaque bijou va être différent. » En parallèle, une collection d’objets pour la maison est en développement en collaboration avec la créatrice allemande Beatrix Ost, déjà à l’origine de nombreux bijoux. « On veut transformer l’horreur de la guerre en quelque chose de positif, quelque chose qui procure du bonheur ».
Vanessa Richard
0 Responses
GENIAL ! Bravo Mesdames
Je suis ne au Laos de pere francais et j’ai honte pour les bestiaux qui ont commis
ces actes, d’autant plus que j’habite aux US.