Habituée à prendre la plume pour écrire des scénarios, Céline Nyanga s’est lancée dans l’écriture théâtrale.
Et la chance lui a souri, puisque sa première pièce Uterine affairs sera jouée pendant le mois de juin lors du Fringe Hollywood Festival, au Lounge Theatre de Santa Monica, à Los Angeles.
Le pitch est original. “On suit le parcours d’une femme vierge et enceinte. Elle va voir un pseudo gynécologue freudien, pour qui sa grossesse la rend coupable de l’inconcevable conception. Au cours d’un voyage, elle va tenter d’y mettre fin” , raconte cette scénariste française, consciente que le sujet abordé est particulièrement délicat aux Etats-Unis.
La pièce est produite par le collectif “Lady Barbe bleue”, fondé par Céline Nyanga et sa co-productrice et amie, Monica Gozalbo. L’idée lui est venue en 2015, lorsqu’elle a pris connaissance d’un projet de loi en Espagne visant à limiter le recours à l’avortement. “J’ai alors imaginé le parcours du combattant d’une femme vivant en zone isolée pour se faire avorter” , remémore-t-elle.
Elle pense d’abord à ce sujet pour un court-métrage. Mais son attrait pour l’absurde et le surréalisme en a voulu autrement. “J’ai relu Eugène Ionesco et Samuel Beckett, les classiques du l’absurde. Et j’ai été influencée par l’oeuvre de Luis Bunuel. Naturellement, ce projet s’est transformé en pièce de théâtre.”
Pour pouvoir concrétiser Uterine affairs, Céline Nyanga a joué sur ses relations, dont des amis acteurs installés à Los Angeles. Elle a rassemblé un casting de huit comédiens, avec en vedette, l’acteur britannique primé Martin Rayner.
Une pièce adaptée pour le Fringe Hollywood
Uterine affairs offre son lot de dialogues irrationnels et de personnages atypiques. Derrière ces situations loufoques et les réactions disproportionnées, se cache une cause, celle du droit des femmes.
“Dans nos sociétés, elles sont infantilisées, elles ne peuvent pas toujours prendre leurs propres décisions ” ,argue Céline Nyanga. Dans son script, elle a apporté des références religieuses et historiques, comme Jeanne d’Arc. “C’est ma french touch“, lâche cette passionnée de cinéma, en train de plancher sur l’écriture de nouveaux scénarios.
Ecrite en français, sa langue natale, la pièce a été adaptée en anglais par l’auteure, qui officie comme traductrice pour des studios de doublage à Los Angeles. “Je l’ai traduite dans le but de la faire jouer au festival Fringe Hollywood, auquel j’ai assisté les deux dernières années” , explique-t-elle.
Ce festival de théâtre de Los Angeles met à l’honneur des pièces indépendantes à des prix accessibles. Il organise également une remise de prix. Le défi sera de séduire le public américain.
Si la sauce prend, la pièce pourrait être re-programmée jusqu’à fin juin. “Je voudrais l’exporter à New-York et dans quelques villes européennes” avance Céline Nyanga, qui aimerait la voir jouer en français.