Les artistes ont-ils une langue maternelle? C’est la question au cœur de l’exposition “France: In the Eye of the Beholder” (“La France : dans l’œil du spectateur”) qui vient d’ouvrir dans les ateliers d’artistes The Sawyer Yards Creative Campus à Houston.
Du 1er au 31 mars y est exposée une sélection d’une cinquantaine d’œuvres (peintures, sculptures, photos, installations). Leur point commun: elles offrent une interprétation de la France par 23 artistes américains et une française. « On leur a demandé d’aller au-delà de la représentation des symboles iconiques de la France et de soumettre des œuvres qui évoquent un aspect de la culture française comme ils la ressentent ou comme ils pensent qu’elle se manifeste » explique Gary Watson, photographe et l’un des principaux organisateurs de l’exposition.
« Qu’est ce qui fait qu’une œuvre est française ? » renchérit Agnès Bourely, artiste française expatriée à Houston, dont le travail est exposé. « Qu’est-ce que je dis de français dans mon art alors que je suis entourée d’artistes américains ? C’est la confrontation de ces deux visions que l’on a essayé de mettre en avant ici. » De ces questions naît un dialogue entre cultures qui est transcendé par le langage de l’art.
Cette exposition, organisée avec le soutien des services culturels du consulat, s’inscrit dans le cadre du French Cultures Festival, se déroulant pendant tout le mois de mars au Texas, l’Oklahoma et l’Arkansas.
Les œuvres ont été sélectionnées parmi celles de plus de quarante artistes par deux jurées indépendantes, Tracy Xavia Karner, professeur associée à l’université de Houston et Hélène Schlumberger, préparatrice à la McClain Gallery.
« Les réponses des artistes ont été à chaque fois très affectives et pleines d’émotion, chacun ayant un trésor français à partager. Les artistes américains de cette expo ont montré une part d’eux dont ils aiment à dire que c’est leur “côté français” et ainsi parlé de leur amour pour notre pays » précise Agnès Bourely. Le résultat est très varié. L’un a récupéré des “parchemins” vieux de 300 ans sur lesquels il a peint des oiseaux, une autre a exprimé sa passion pour la pâtisserie française à travers des panneaux multicolores. Une autre, ayant des origines cajuns, propose un portrait d’un membre de sa famille.
« L’endroit en lui-même vaut le détour » ajoute Gary Watson. The Silos at Sawyer Yards sont en effet des anciens silos industriels reconvertis en studios d’artistes et espaces d’exposition. Situés au cœur du Washington Avenue Art District près de downtown, ils font partie des plus vastes ateliers d’artistes du pays.