Installé à Los Angeles depuis deux ans, Nicolas Neidhardt est à Hollywood ce qu’il n’a jamais pu être dans l’Hexagone : un compositeur de musiques de films qui compte. Connaitra-t-il le même succès qu’Alexandre Desplat, le Français qui a remporté un Oscar cette année, et raflé de multiples prix en France et aux Etats-Unis ?
En France, Nicolas Neidhardt avait seulement signé la musique d’ « Absolument Fabuleux » et « Titeuf, le film ». A Hollywood, ce musicien en est déjà à une demi-douzaine de bandes originales, dont celles des récents « Killer Elite » avec Robert De Niro et Jason Statham, « Last Knights » avec Morgan Freeman et Clive Owen et « Kidnapping Mr Heineken » avec Anthony Hopkins, film pour lequel il a écrit des chansons d’après-guerre en allemand.
« Tout nouveau mec qui arrive à L.A. pourrait être la prochaine megastar en son domaine, explique-t-il, et c’est ce que se disent les Américains. Face à n’importe quel inconnu, ils sont donc hyper-enthousiastes. Mais attention, ici, on n’a qu’une chance. Si tu ne la saisis pas, tu dégages. En France, avant de t’engager, les gens veulent savoir d’où tu viens, qui tu es et ce que tu as fait. Et une fois que tu es en vitesse de croisière, plus personne ne se demande si tu fais toujours de la qualité », raconte-t-il.
Selon lui, les Américains sont plus exigeants. « Et plus lisibles, aussi, surtout dans la pub. Ils expriment clairement ce qu’ils veulent. L’approche est plus pragmatique, alors qu’en France, elle est plus artistique. Mon atout, c’est d’amener aux Etats-Unis une créativité européenne. Et à l’inverse, j’exporte le savoir-faire hollywoodien puisque je continue à travailler pour la France et l’Allemagne. Je viens d’ailleurs de recevoir une commande pour une grosse série de quarante-sept épisodes qui sera diffusée par France 2. »
Allemand par son père et Français par sa mère, Nicolas Neidhardt a commencé le piano à six ans, et se rend compte, pendant son adolescence, que « musicien, c’est vraiment cool pour plaire aux filles ». Après le bac et le conservatoire, il entre au CIM, école de jazz parisienne quasi-jumelle du Berklee College of Music. Dans la foulée, il est joue dans des pianos bars, enseigne les gammes à des petits, et se met à la composition. « J’adorais déjà les musiques de films, et d’abord celles de Morricone, mais je n’avais pas de connections avec ce monde. » Comme il est friand de pop et de variété, il se lance dans cette voie.
En tant qu’arrangeur et réalisateur, il s’est frotté à Desireless, Michel Jonasz, Catherine Lara, Patricia Kaas, et fait des dizaines de remixes avec Dimitri From Paris. A la fin des années 80, il fait partie des musiciens qui accompagnent Les Nuls sur Canal +, puis contribue à lancer la carrière d’Ophélie Winter. « J’ai co-composé ‘Dieu m’a donné la foi’ et quelques autres titres. Puis j’ai notamment bossé sur les premiers albums de Jenifer et Nolwenn Leroy, et produit Link Up, le boys band issu de l’émission ‘Pop Stars’. J’ai aussi fait beaucoup de pubs et créé la musique de ‘La Crim’, la série de France 2. »
En 2004, Nicolas intègre le cercle professionnel de Véronique Sanson et la suit à Los Angeles pour l’enregistrement de nouvelles chansons. « J’étais déjà venu ici en touriste, mais là, je me suis pris une grosse claque. Je suis scotché par le professionnalisme des musiciens et des studios, ainsi que par les moyens mis en œuvre. Aux Etats-Unis, la musique est un art et les musiciens, véritablement reconnus. En France, on les voit comme des mecs plutôt foireux qui ne vont peut-être pas payer leur loyer. »
Il part ensuite un an en tournée avec Véronique Sanson puis conçoit les deux albums de Gérard Darmon, l’acteur des Nuls. Mais il sent le vent tourner. « On était en 2006, les gens commençaient à télécharger et les ordinateurs à faire la loi dans les studios. Le mien, à Montmartre, a vite souffert de cette évolution, et le monde de la pub m’a fait comprendre qu’à plus de quarante ans, je n’étais plus dans le coup. Quant aux compositeurs de musiques de films français, ils me disaient qu’un variétomane n’aurait jamais sa place dans leur sérail. »
En 2008, il sort un album de piano solo et joue à New York, et décide alors de donner un tournant américain à sa carrière. « J’ai donné cinq concerts à New York, alors qu’en France, j’ai péniblement réussi à en faire un. Dans ce cadre, j’ai croisé un producteur qui m’a dit que pour les musiques de films, il fallait aller à Los Angeles. En 2010, j’ai passé quelques semaines à Marina Del Rey avec un copain compositeur. En 2011 et 2012, j’étais tous les deux mois à Los Angeles, et début 2013, je m’y suis installé définitivement avec ma femme Stéphanie et notre fils Sacha. »
A Los Angeles, Nicolas et sa petite famille tentent de se mélanger à la population cosmopolite de la ville. « Avec les Américains, j’aimerais parfois avoir des conversations un peu plus engagées, philosophiques et critiques. En même temps, ça me déprimerait de n’avoir à faire qu’à des gens sérieux. » On ne peut jamais tout avoir…
Jean-Philippe Darquenne
0 Responses
non, il n’a pas la grosse tête Nicolas 🙂
si, elle est tellement grosse qu’il doit la tenir avec sa main…! MDR
Les Bobos à Hollywood !
Après avoir critiqué les USA pendant + 30 ans, Canal+ nous envoie son armée de bobo !
Hé oui, heureusement, ils viennent éduquer ces ignares d’américains, même pas capable d’avoir des conversations intelligentes.
Visiblement, il n’y a plus d’aide à la musique de film en France …
Je serai ravi d’en discuter avec vous. Merci de vous présenter
Et bien, “Hanz58”, Nicolas vous dit qu’il serait ravi d’endiscuter avec vous !?
Silence radio ?! Et bien,.. Peu loquace maintenant.. Mieux valait-il eviter de balancer un commentaire visant a insulter gratuitement. Parfois ca rend ridicule,.. gratuitement aussi.
PS : Et n’oubliez pas de vous presenter si vous changez d’avis !
Je serai ravi d’en discuter avec vous. Merci de vous présenter