Au menu gribouillé à la craie sur des ardoises, on trouve un burger de poulet rôti aux herbes de Provence, un sandwich de boeuf braisé à la moutarde de Dijon et un tiramisu au Nutella en dessert. Le “bistro français à emporter” de Benjamin Baccari Kebe, jeune Français installé depuis sept ans à New York, est une petite enseigne charmante qui a vu le jour en décembre 2015.
Situé sur Adam Clayton Powell Blvd à Harlem, le B & K French Cuisine propose une cuisine française de qualité à consommer à emporter mais également sur place, sur l’une de ses deux tables extérieures. “Il est impossible de trouver à New York des fast-food de qualité à prix compétitifs. J’ai voulu associer le prestige et la qualité de la nourriture française au concept de fast-food à emporter” , explique-t-il. Pari gagné: la fréquentation du restaurant ne cesse d’augmenter. A tel point que Benjamin Baccari Kebe doit assurer la préparation des plats et le service, avec l’aide de trois salariés.
La cuisine française? Il en tombe amoureux à 15 ans, pendant un stage de 3ème. “Mon voisin, chef au Plaza Athénée à Paris, m’a ouvert les portes du restaurant (le Relais Plaza, ndr). Je me souviens avoir été séduit par la beauté du lieu et la qualité de la cuisine” . Le jeune Français d’origine malienne y restera trois ans sous les ordres de Philippe Marc, sous-chef d’Alain Ducasse, le temps de faire son BEP et son CAP. Après un passage au restaurant l’Obélisque au Crillon, Benjamin Baccari Kebe s’envole pour les Etats-Unis, d’abord en tant que touriste. “Mon oncle, chef cuisiner dans un TGI Friday à New York, m’a assuré que les Américains aimaient la cuisine française et que je devais tenter ma chance” . A son retour, le jeune homme s’ennuie, ne cesse de repenser à New York et à l’idée de son oncle. Quelques mois plus tard, il saute le pas. Arrivé dans la Grosse pomme, Benjamin Baccari Kebe y rencontre une Française, Daphné, qui deviendra sa compagne et son associée au B & K French Cuisine.
Le lancement du restaurant n’a pas été facile. L’an dernier, jour de Thanksgiving, une fuite de gaz dans l’immeuble où il se situe oblige son propriétaire à couper le robinet d’arrivée. Les jours passent mais les conduits de gaz ne sont pas réparés. “J’avais choisi ce local car j’avais absolument besoin de gaz pour élaborer mes recettes et faire mon propre pain. A vingt jours de l’ouverture, j’ai dû revoir la moitié de ma carte.” Un coup dur. Six mois plus tard, début juin, une journaliste du New York Times passe à l’improviste . Séduite par son repas, elle publie une critique dithyrambique. “Je me souviens avoir servi une petite dame maigre qui m’a commandé 10 trucs en même temps. Je me suis demandé comment elle avait pu manger tout ça” , rit-il. Depuis la parution de l’article, Benjamin Baccari Kebe ne chôme pas. “J’ai normalement une clientèle de quartier. Mais depuis une semaine, des New-Yorkais de toute la ville viennent au restaurant” .
Pas question pour autant de se cantonner à une seule enseigne. “J’ai un bail de deux ans. Le B & K est un tremplin pour me faire connaitre” . A terme, il veut faire de son restaurant une chaîne, sur le modèle de Chipotle, le fast-food haut-de-gamme mexicain. “J’aime les produits de qualité et le fait de proposer une cuisine à déguster sur place ou à emporter” . Mais si l’entrepreneur s’imagine conquérir tout New York, pas question pour lui de déménager d’Harlem, le quartier où il vit aujourd’hui. “Je me sens oppressé à Downtown Manhattan. Ici, il y a une ambiance de village. Tout le monde se connaît, c’est convivial. Et puis Harlem a un côté hip-hop, comme moi” .