Si on redoute que la France ne succombe à la macronite aigüe, il ne fallait pas venir à la French Touch Conference de New York, qui s’est ouverte ce mardi, pour chercher l’antidote. La base du macronisme est ici.
Mounir Mahjoudi, le secrétaire d’Etat au Numérique est ici chez lui. Poignées de main, accolades, tutoiement… Il est vrai qu’il est du sérail, plongé dans la tech depuis ses 16 ans et entrepreneur jusqu’à son entrée au gouvernement il y a un mois.
“C’est très important pour moi de consacrer mon premier voyage à l’étranger à la French Touch Conference à New York, explique le secrétaire d’Etat. C’est notamment ici que se créent des ponts entre nos deux pays“. Dans la salle, les participants sont majoritairement jeunes, Français, et beaucoup ont déjà à leur actif la création d’une start-up. Ils ont souvent un pied en France (où se trouve leur R&D) et un pied aux Etats-Unis (où ils veulent capter un marché). Une population particulièrement sensible au message de Mounir Mahjoubi, qui rappelle que “nos start-ups sont présentes dans le monde entier, il y en a plus de 150 uniquement à New York. Ces entreprises doivent recevoir notre soutien, car elles sont la vitrine de la France“.
A la French Touch Conference, grand messe de l’investissement et de l’innovation, le secrétaire d’Etat au Numérique navigue en terrain conquis: “Avoir un ministre comme lui, qui a été un entrepreneur, c’est un gage de confiance, explique Didier Rappaport, PDG et fondateur de Happn, une appli de rencontres française à 32 millions d’abonnés à travers le monde. On se dit qu’il va prendre des décisions en sachant de quoi il parle, en comprenant les enjeux, les mécanismes.”
Pour son passage à New York, Mounir Mahjoubi a également revêtu le costume de VRP, avec pour cible les entrepreneurs et investisseurs américains. “Notre pays est prêt à vous accueillir, nous développons des outils comme le french tech visa et le french tech ticket, pour permettre aux talents étrangers de nous rejoindre plus facilement. Nous avons besoin de vous, vous êtes les bienvenus!“.
Un appel à l’exode des cerveaux vers la France, initié par le candidat Macron pendant la campagne, et renouvelé à plusieurs reprises depuis. “Les entrepreneurs étrangers doivent comprendre que notre écosystème est en bonne santé. En France, ils pourront créer, innover, conquérir un nouveau marché“, rappelle le benjamin du gouvernement. Un message qui fait mouche auprès des Américains, selon Pierre-Antoine Dubosc de SemantiWeb, start-up française récemment installée à New York: “Dans mes conversations aujourd’hui avec les Américains, je me rends compte qu’ils nous regardent plus d’égal à égal. Ils ne sont pas admiratifs mais il y a une bienveillance envers le président Macron“.
Une administration moins lourde, une fiscalité plus durable: les Français aussi en sont demandeurs. “Il faut parvenir à stabiliser la politique fiscale pour les cinq ans à venir. Ça serait déjà un signe fort envoyé aux investisseurs“, estime Julien Delpech, fondateur et PDG d‘Invivox. Même son de cloche pour Mathieu Nouzareth, de Freshplanet, un éditeur de jeux pour mobiles, basé exclusivement aux Etats-Unis: “J’aimerais avoir une R&D en France mais mes actionnaires américains n’étaient pas très favorables jusqu’à présent. J’espère que le nouveau gouvernement va changer ça, que l’image de la France à l’étranger dans le milieu de la high-tech va évoluer“.
Interrogé sur la fuite des cerveaux français à l’étranger et notamment aux Etats-Unis où ils sont happés par les géants de la Silicon Valley, le secrétaire d’Etat se veut surtout optimiste: “Ces départs prouvent que nos écoles, nos universités sont reconnues et nos ingénieurs sont bons. Certains partent mais beaucoup d’autres restent en France, font de la recherche, rejoignent de grands groupes ou créent leur start-up“.
Pour Mathieu Nouzareth, la France coche toutes les cases pour réussir son pari de la high tech. “Il faut juste une petite étincelle pour que ça aille encore mieux et cette étincelle c’est peut être Emmanuel Macron“.
On l’a compris, le monde de l’entreprise et de l’investissement adhère au programme du nouveau président. Ce dernier n’en a pas moins un certain poids sur les épaules. “Il va maintenant falloir qu’il mette en place ce qu’il a annoncé, estime Didier Rappaport. Il a cinq ans pour le faire et on espère qu’il va réaliser son pari.”
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Notre nouveau secrétaire d’état nous a demandé hier les points positifs des USA qui pourraient être copiés/collés en France. J’ai suggéré l’idée d’un “Small Business Act” à la française qui permettrait aux startups d’intégrer petit à petit le domaine public. Nous aimerions par exemple proposer notre plateforme invivox à tous les hôpitaux de France afin de faciliter la formation continue pratique entre médecins.