C’est comme un diner de gala de 900 personnes, moins 880. Lancé par deux Françaises, “A Dinner for a cause” met le couvert ce vendredi 17 avril pour la deuxième fois. Le concept: un diner en très petit comité (une vingtaine de personnes) dans un atelier d’artiste, pour soutenir une cause. “On avait envie de dépasser l’idée d’une simple soirée, de créer du sens” , soulignent Camille d’Harcourt et Aleth Mandula, les deux amies qui ont créé le rendez-vous.
Le concept est taillé pour New York, une ville où les appartements et les maisons font parfois office de restaurants, de galeries ou de salons de musique.
Le premier “A dinner for a cause” a eu lieu en février dans le studio de l’architecte et artiste espagnole Cristina Guadalupe, au profit de l’association Reporters sans frontières, après les attentats terroristes de janvier en France. Dix-huit personnes y ont participé et 800 dollars ont été levés. “En voyant l’émotion en France, on a eu envie de participer de manière concrète. Pas en mettant ‘Je suis Charlie’ sur les réseaux sociaux” , raconte Camille d’Harcourt.
La tragédie a servi de catalyseur pour les deux amies d’enfance (la première travaille chez Moët Hennessy à New York et la seconde est en stage au FIAF). Avant de se retrouver aux Etats-Unis, elles réfléchissaient chacune de leur côté à créer une expérience de repas alternatif. Ex de l’Essec, Camille d’Harcourt avait participé à l’organisation des diners des champagnes Krug sur les toits de la Samaritaine en 2012. Aleth Mandula avait été, pour sa part, inspirée par les “7×7” parisiens, où sept performeurs se succèdent pour des shows de sept minutes dans un appartement. “Nous sommes de passage à New York. Nous voulions faire quelque chose de tous les contacts que nous nous faisions ici. Et rendre à New York ce que la ville nous a donné” dit cette dernière.
Pour chaque diner, elles “recrutent” un chef renommé et des artistes, dont les performances rythment la soirée. Tous les intervenants sont bénévoles. Le prochain diner, dont le thème est l’égalité hommes-femmes, est organisé dans le studio de l’artiste colombienne Jessica Mitrani au bénéfice de Make Love Not Scars , une association qui vient en aide aux victimes d’attaques à l’acide. Sa fondatrice, l’indienne Monica Singh, elle-même victime d’une telle attaque pour avoir refusé d’épouser un de ses amis, sera présente. Elle sera habillée pour l’occasion par la créatrice de mode française Sophie Theallet, dont Michelle Obama porte aussi les habits. Le chef étoilé Eduard Frauneder sera aux fourneaux.
“Contrairement à un gala où il y a des centaines de personnes, les invités sont amenés à se rencontrer, à partager. Ils viennent pour la cause, l’art” , souligne Aleth Mandula.
Les deux amies espèrent organiser un troisième et dernier diner avant leur départ de New York. Une autre amie, Eléonore Becheau La Fonta, les a rejoint. Prochaine étape: exporter le concept à Paris. “Je suis sûre que l’accueil sera bon. Les Parisiens sont curieux, estime Camille d’Harcourt, mais je ne sais pas si on aura autant de soutien” de la part de chefs et d’artistes. New York était l’endroit parfait pour se lancer.“