Pour son deuxième restaurant, Sébastien Cornic s’est laissé happer par l’ambiance du quartier résidentiel de Larchmont à Los Angeles.
Ouvert depuis mi-janvier, Café Parisien rappelle les troquets de la capitale française, où on s’arrête pour un expresso, déguste un sandwich le midi et dîne en amoureux à la lumière des bougies la nuit tombée. “J’adore voir des clients manger des croissants quand d’autres ont commandé un steak-frites, ça me rappelle la France.”
Avec ses serveurs en tenues traditionnelles, son sol damier, ses tables en bois rondes et ses chaises en osier en extérieur, le lieu reprend les codes des établissements parisiens. Pour transformer le Prado -un restaurant caribéen très populaire dans les années 80- en café, il a fallu six mois de travaux.
Fini le poulet jerk, les plantains frits ou les empanadas… Au menu, on retrouve des classiques: viennoiseries de Michelina, jambon-beurre, salade au confit de canard et croque-monsieur, ainsi que des plats classiques tels que six sortes de moules-frites (marinière, moutarde, roquefort…), un boeuf bourguignon et une soupe à l’oignon gratinée. “Des petits plats français que les Américains connaissent, pas comme la langue de boeuf ou les tripes”, détaille Sébastien Cornic.
Issu d’une famille qui possédait cinq restaurants, dont Charlot le roi du coquillage (vendu) dans le XVIIIe arrondissement, le Breton a grandi dans le milieu. Après un bref passage par l’hôtellerie, il s’oriente vers la restauration, faisant ses armes dans de nombreux établissements parisiens en tant que directeur des opérations.
C’est sa femme Cécile, avocate, qui va le pousser à tout quitter pour s’expatrier. “Un coup de tête qui est devenu un coup de coeur”, plaisante-t-il. Ils débarquent, à 30 ans fêtés, à San Diego, où “j’étais payé au lance-pierre”. Il gravit alors les échelons dans le groupe Ladeki et devient manager. Cette expérience lui met le pied à l’étriller.
Contre toute attente, la crise de 2008 -fatale pour nombre de restaurateurs- va permettre à Sébastien Cornic de se lancer. Il investit ses économies dans un local à Culver City, et crée Meet in Paris, réputé depuis 10 ans pour sa formule “moules-frites à volonté” les mardis et mercredis. “On a débuté petit avec ma femme, on mettait le tablier”, se remémore ce père de jumeaux. “Pour démarrer pendant la récession, il fallait avoir les reins solides. Les gens avaient besoin de sortir, mais n’avaient pas d’argent.”
Fier de cette expérience et de la fidélisation d’une clientèle, il avait envie de grandir, mais a préféré attendre “la bonne opportunité”. Il cherche pendant deux ans. “Je connais trop de gens qui ont tout perdu”, dit-il, citant l’exemple de Figaro, une institution de Los Feliz, qui a raté son implantation à Downtown.
C’est chose faite avec Café Parisien, dans lequel il a investi ses deniers personnels. Ce n’est pas l’unique café-boulangerie de la rue, “mais le seul français et artisanal”. D’autant qu’il y avait un besoin dans le quartier, le Café du Village ayant disparu depuis une dizaine d’années et Larchmont manquant d’options variées pour se restaurer. Le restaurant ne compte pas s’arrêter là. “On a signé notre troisième emplacement”, glisse-t-il. Le nouveau restaurant de Sébastien Cornic s’implantera à Brentwood “d’ici quelques mois”.