Ils sont ambitieux, mélomanes et “DJ du dimanche”.
Amaury Meunier et Alexandre Seillière, 29 et 26 ans, ont trouvé un moyen d’allier “business et fun”. L’année dernière, ces deux Francais de Brooklyn ont lancé Gigwax, une plateforme permettant de réserver en ligne des DJ.
Puisque rien ne vaut une formule un peu téléphonée pour faire comprendre un concept, Gigwax se définit comme le “Airbnb du DJ booking”. Ou comment trouver, à un même endroit, un catalogue de DJ indépendants, les réserver et payer leurs prestations en ligne. A la manière d’Airbnb, les DJ peuvent mettre des extraits de leur morceaux, décrire leur style, tandis que l’on peut lire leurs reviews. Gigwax prélève une commission sur la transaction.
“On a eu l’idée car en tant que DJ occasionnels, on avait toujours du mal à trouver des gigs, alors qu’il y a une vraie demande. Et une fois sur deux, il était difficile de se faire payer. Au moment de la fermeture, la serveuse te demande de repasser la semaine d’après, et finalement tu finis par laisser tomber”, témoigne Alexandre Seillière, que l’on rencontre dans les bureaux flambant neufs du WeWork de Williamsburg, où Gigwax s’est installé.
Ce Parisien d’origine, qui a quitté la France après son bac pour étudier à Washington, a déjà roulé sa bosse dans le monde des marketplaces : à Georgetown, il avait créé un site de revente d’objets entre étudiants.
Gigwax connait déjà un petit succès : 1500 DJ y ont créé leur page – environ les deux-tiers sont basés dans la région de New York. “On a aussi deux DJ très connus, Seth Troxler et Guy Gerber, qui nous conseillent, et qui sont un peu nos mégaphones”, affirme Alexandre Seillière. Les organisateurs d’événements (un peu moins de 200 pour le moment) sont venus par le bouche-à-oreille, le réseau des Francais de New York, le clan WeWork…
Comme pour beaucoup de marketplaces de ce type, l’un des défis de Gigwax sera de ne pas se faire court-circuiter par les organisateurs d’événements et les DJ – ce qui réduirait leur site à un simple catalogue.
“Mais on est confiant là-dessus, car le fait de payer en ligne via Gigwax est plus sécurisant des deux côtés. Pour le moment, tous les DJ ont joué le jeux. Il y a juste une fois où on a dû mettre un warning”, reconnait Amaury Meunier.
Un autre de leurs défis sera d’élargir leur base de personnes qui cherchent un DJ : au delà des patrons de bars, des professionnels de l’événementiel et des personnes qui organisent leurs mariages, Gigwax aimerait banaliser le recours à un DJ chez des particuliers – pour n’importe quelle fête ou événement, à la maison ou dans une salle.
“Souvent, on a l’impression que booker un DJ va coûter cher, que c’est compliqué, que le DJ va faire sa diva, qu’il va ramener des tonnes de trucs encombrants… Alors que pas du tout ! Il y a des formules simples, pas chères, avec peu de matériel. Et franchement, un DJ, c’est un élément hyper important pour réussir une soirée; ça créé un “cool factor”, c’est une performance”, poursuit Amaury Meunier, lui aussi Parisien, diplômé de Dauphine, et qui est arrivé à New York en 2009. Jusqu’à l’année dernière, ce passionné de musique travaillait chez Bandsintown.
Si Gigwax a été lancé avec un première levée de fonds estampillée “friends and family”, les fondateurs cherchent désormais à trouver des investisseurs solides, pour passer à l’étape d’après. En attendant, Amaury Meunier et Alexandre Seillière planchent sur quelques projets pour se faire connaitre, comme l’organisation d’un concours de DJ au festival Lollapalooza, à Chicago, et des événements à National Sawdust, une nouvelle salle de Williamsburg.
Amaury Meunier de son côté, continue à ses heures perdues de mixer, sous le nom de DJ Momus – dans la mythologie grecque, un dieu “de la raillerie, des poètes et des écrivains”, nous dit-il, pas peu fier de son pseudo. Si vous voulez le booker pour votre soirée d’anniversaire, il a cinq étoiles sur cinq sur son profil Gigwax.