80 printemps et pas une seule ride. Mercredi soir, la foule était dense au consulat de France à New York, pour célébrer les 80 ans du livre francophone le plus connu au monde, le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Un anniversaire commémoré de la façon la plus emblématique qu’il soit avec l’inauguration d’une sculpture en bronze du Petit Prince, qui trône devant l’entrée de la villa Albertine sur la Cinquième Avenue, à un jet de pierre du Met. Réalisée par le sculpteur Jean-Marc de Pas, elle représente le personnage mythique assis sur un muret, la tête en l’air, avec son écharpe en mouvement.
Une sculpture sur la plus célèbre avenue du monde (avec les Champs-Élysées) n’est pas une mince affaire. Ce projet ambitieux a été lancé il y a plus de deux ans par The American Society of le Souvenir Français, qui s’est associée à la Fondation Antoine Saint-Exupéry, pour créer une œuvre d’art en hommage à l’écrivain. Antoine de Saint-Exupéry a une histoire forte avec New York, puisqu’il s’y est exilé pendant la Deuxième Guerre Mondiale, est entré dans la Résistance et a appelé à l’entrée en guerre des États-Unis. C’est ici qu’il a écrit le manuscrit du Petit Prince, publié en 1943, à peine une semaine avant qu’il ne s’engage dans la guerre et n’embarque sur un bateau en direction de l’Europe. Abattu en mission de reconnaissance dans son avion au-dessus de la Méditerranée l’année suivante, il ne reverra jamais les États-Unis et ne connaîtra pas le destin extraordinaire de son œuvre.
« C’est une parabole qui parle aux lecteurs de tous les âges », s’est exprimé Laurent Bili, l’ambassadeur de France aux États-Unis. « Ce livre apporte un message intemporel de tolérance et d’humilité, il prône de casser le cercle de la violence en apprenant à se connaître, vivre en harmonie avec la nature et les animaux. Mais aussi un espoir fort en l’amitié franco-américaine dans cette période trouble ».
Pour marquer ce moment historique, son allocution a été suivie par Maxime, jeune Français de Washington habillé en tenue du Petit Prince, qui a lu un extrait du conte, le dialogue entre le Petit Prince et le renard qui lui explique comment l’apprivoiser. Après la réception au consulat, l’assemblée a remonté les quelques blocs vers la Villa Albertine, où la ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères Catherine Colonna a inauguré la statue aux côtés des protagonistes du projet et des donateurs.
Un moment d’émotion pour Jean-Marc de Pas, qui voue une fascination sans borne pour l’œuvre et son écrivain et avait déjà réalisé une sculpture du Petit Prince dans son avion, exposée au musée du Bourget. Après avoir été sélectionné pour le projet, il a réalisé sept esquisses, et le choix s’est porté sur ce Petit Prince assis sur le muret, devant la Cinquième Avenue. « J’ai voulu rester très proche du dessin d’Antoine de Saint-Exupéry, je voulais que les gens soient directement transportés dans le personnage, puissent le toucher et être émus par cette œuvre ».
Car le conte est plus actuel que jamais « Le Petit Prince est un symbole d’unité, c’est si important de trouver des valeurs positives qui nous rassemblent dans la période que nous traversons. Un message d’espoir, élève l’esprit et incite à s’engager », explique Olivier d’Agay, Président de la Fondation Antoine de Saint Exupéry et grand-neveu de l’auteur. « Nous avions ce projet depuis près de 30 ans et sommes très fiers de l’avoir mené à bien. Les touristes new-yorkais pourront s’asseoir à côté de lui et regarder les étoiles, s’enthousiasme Thierry Chaunu, le président de l’American Society of Le Souvenir Français. Cela va devenir un des endroits les plus Instagrammables de New York ! »