Pour fêter ses 72 ans, Fusalp s’est offert un beau cadeau. L’illustre marque de ski française aux pantalons fuseaux accélère son développement aux États-Unis avec des boutiques à New York, ainsi qu’à Aspen et Vail, deux stations de ski prestigieuses au pied des montagnes Rocheuses du Colorado. « Nous sommes là pour rester », assure Sophie Lacoste. Depuis qu’elle a racheté la griffe en 2014 avec son frère Philippe et leur ami Alexandre Fauvet, l’ancienne héritière du groupe Lacoste a réussi son pari : transformer une entreprise régionale endormie et centrée sur l’univers sportif, en une marque internationale de prêt-à-porter. Entre 2014 et 2023, le chiffre d’affaires de Fusalp, dont le siège social est toujours situé à Annecy, est passé de 6 millions à 56 millions d’euros, avec 50% à l’international.
Pour commencer son ascension au sommet, Fusalp a choisi de s’implanter à New York, Aspen et Vail. « Ça se passe très bien. Il y a une belle énergie entre les magasins et nous avons fait une soirée d’ouverture en janvier à Aspen. Nous voulons montrer qu’on veut faire partie de la vie. Aspen est un endroit unique, mais c’est aussi une institution dans le monde du ski, et 40% de nos ventes sont basés sur le ski, précise la co-présidente de la marque annécienne. C’est important d’être centré sur ses racines, de montrer qui on est et qu’on a de l’authenticité. Aspen est une plaque tournante, avec beaucoup de clientèle de la côte Ouest, mais aussi de la côte Est, en hiver et aussi en été ».
Avec une clientèle internationale et cosmopolite, Fusalp mise sur les codes français. « Dans le Colorado, on a une clientèle semblable à Megève ou Courchevel », précise Sophie Lacoste. Et les retours, en effet, sont positifs puisque la marque a excédé ses prévisions. « Il y a quelque chose dans l’esthétique qui plaît beaucoup et un bon rapport qualité prix. La France est le signe de l’élégance et ça plaît ».
Pantalons fuselés, vêtement qui galbent le corps… Fusalp, devenue « Creations Fusalp », ne veut pas s’éloigner de ses racines qui ont fait de la marque un symbole lors de sa création à Annecy en 1952 : le ski et le sport de montagne. « On a une identité singulière, une élégance très française avec des codes qui se reconnaissent et de belles couleurs ». La petite-fille du champion de tennis René Lacoste en est persuadée : les États-Unis seront, d’ici 5 ans, le second marché de la marque. Ils constituent « un gros potentiel », avec comme objectif « environ 15 à 25% de notre chiffre d’affaires ».
Malgré une baisse de rythme lors de la pandémie du covid en 2020 et 2021, Fusalp s’est remis en piste et se veut autant à l’aise en montagne que dans les grandes villes comme New York. « Le luxe aujourd’hui, c’est d’avoir accès à la nature et aux grands espaces. Les gens recherchent beaucoup ça, même s’ils sont dans une grande ville, estime la dirigeante. Depuis 2020 et la pandémie, je crois que le rapport à l’extérieur est devenu très fort et les Américains sont très preneurs d’un mélange d’élégance et de praticité ».
Pour le moment, le groupe ne prévoit pas d’ouvrir une nouvelle boutique aux États-Unis. « On va voir comment les choses se passent, l’idée est de faire quelque chose de solide. Mais on a de magnifiques perspectives », déclare la lauréate du prix Bold Woman Award pour son audace dans le monde de l’entreprenariat. Un prix qui porte un message fort, selon Sophie Lacoste : « C’est la reconnaissance de l’agilité », déclare celle qui essaie toujours d’écouter son instinct. « À chaque fois que je ne l’ai pas écouté, je m’en suis voulu. »