Au rugby, la forme ovale du ballon fait qu’on ne se sait jamais où il va rebondir. La même loi s’applique à Thierry Daupin… Et c’est probablement lié à sa passion viscérale pour ce sport.
Au terme d’un parcours qui l’a mené de France à Hawaï puis au Texas, ce Nîmois de 37 ans est depuis un an le “general manager” (mais aussi demi d’ouverture) d’une des deux équipes de rugby d’Austin, les Huns, dont la saison vient de s’achever.
Après des études de sport, il débute comme joueur pro (top 14 + équipe de France espoirs) avant qu’une grave blessure ne mette fin à sa carrière. Il décide alors de vivre sa passion du sport à travers la communication. Chassé par Oxbow, il se passionne pour la glisse et s’occupe des relations avec les athlètes sur les évènements autour du monde.
A force de voyager à Hawaï, il y rencontre sa femme et s’y installe en 2009. Il y crée une agence de marketing sportif mais surtout, et contre toute attente, redécouvre le rugby, ce sport qui lui avait permis, adolescent, de rester dans le droit chemin en lui inculquant les valeurs de « respect des règles, des autres, l’esprit d’équipe, fraternité…».
Quand, à l’autre bout du monde, il s’aperçoit que le rugby est un sport majeur, il retombe dedans. « En partant à Hawaï je pensais faire du surf tous les jours et voilà que je me rends compte que c’est aussi une terre de rugby. » En effet, l’archipel situé au milieu du Pacifique est peuplé de Polynésiens (Samoans, Fidjiens…) Il rejoint donc une des dix équipes de l’île mais, en bon numéro 10, il aime bien distribuer le jeu. Il dirige le développement des structures locales et crée un buzz autour de l’équipe à l’aide de vidéos YouTube et de relations-presse auprès des 2.500 clubs de rugby aux Etats-Unis. Développer des projets de zéro, « en particulier ceux dont personne ne sait par où s’y prendre » , plaît à cet homme de défis.
Il faut un sacré goût du challenge pour pousser un amoureux du rugby à venir s’installer au Texas, patrie du football américain. Faire passer les valeurs collectives de l’ovalie au pays de l’individualisme n’est pas chose aisée. Mais l’homme sait aussi très bien où il met les pieds. Il intègre un projet ambitieux: Les Austin Huns seront professionnels en septembre. Troisième plus gros club du pays en nombre de licenciés, le club est en train de se doter des infrastructures et de l’encadrement d’une véritable franchise (ancien coach des Springboks, complexe de 15 ha, académie pour la formation…) L’équipe, qui a terminé la saison à la quatrième place (sur 7) de sa division, a certainement une marge de progression. « Le rugby est là où le soccer était il y a 10 ans. C’est le sport collectif avec la plus forte croissance de licenciés aux US.»
Alors dans un environnement où tout est à construire, Thierry Dupin est dans son élément et se plaît dans un rôle d’ambassadeur du rugby. Pas certain donc qu’il rebondisse ailleurs tout de suite.