Le rendez-vous est pris pour 10:30 am dans le lounge du Greenwich Hotel, à Tribeca. Gad Elmaleh n’est pas la seule star présente dans la salle feutrée. L’acteur Matthew McConaughey a pris place à une table voisine. A côté, un rasta est engagé dans une négociation animée avec des gens en costards, sous le regard amusé du comique. Kev Adams, de passage à New York pour travailler sur le show qu’il prépare avec Gad Elmaleh, ne tardera pas à arriver avec son ordinateur. Et la mannequin française Constance Jablonski, visage d’Estée Lauder et de Victoria’s Secret, viendra lui claquer la bise pendant l’interview. Petit aperçu de la vie new-yorkaise de Gad Elmaleh.
La dernière fois que nous l’avions vu, c’était en juin 2015 avec près de 3.000 autres personnes, essentiellement françaises et francophones, au Beacon Theater, pour son dernier show en français aux Etats-Unis. Aujourd’hui, il a troqué les grandes scènes pour des comedy clubs intimistes, comme Joe’s Pub à New York, où il joue son show anglais “Oh My Gad” presque tous les soirs. Là, il a dû s’habituer à faire rire un public qui mange des burgers pendant qu’il enchaîne les blagues sur l’Amérique, les Français et les Marocains, et à jouer avec un micro dans les mains – “Le micro-casque ici, c’est pour les magiciens ou les ventriloques” , dit-il.
Si les performances affichent complet, c’est grâce à ses nombreux fans français et marocains, qui viennent en force chaque soir pour l’applaudir et voir comment il se débrouille dans une langue qui n’est pas la sienne. N’est-ce pas frustrant de voir aussi peu d’Américains ? “J’inclus ma fan base dans mon projet. Si je réussis à faire quelque chose pour les Américains, c’est grâce à mon public français, francophone, étranger. Je lui suis reconnaissant, répond-il. C’est grâce à lui que je remplis Joe’s Pub. Un comique américain pas connu ne pourrait pas faire la même chose.”
En six mois, Gad Elmaleh n’a pas chômé pour se faire connaître. On l’a vu dans des talk shows (Late Night with Seth Meyers, The Daily Show…), passage obligé pour toute promo qui se respecte aux Etats-Unis, dans le New York Times, le Wall Street Journal, The New Yorker et même sur les panneaux publicitaires qui coiffent les taxis jaunes new-yorkais.
https://youtu.be/zzARGm7jeDk
Plus discrètement, il peaufine ses shows en faisant des “spots” d’une quinzaine de minutes dans les comedy clubs comme le Comedy Cellar, au milieu d’anonymes ou de stars de la discipline comme Louis CK ou Chris Rock. Là, il teste ses vannes devant un public 100% américain. “Je fais l’inverse de ce que fait un comique américain: alors qu’il travaille ses lignes dans les clubs pour en faire un show plus long, moi je teste mes vannes dans mon show long à Joe’s Pub avant de les faire dans les clubs” . Il l’admet volontiers: ses blagues ne sont pas toutes passées. “Dans les clubs, personne ne me connait. Quand les blagues marchent, ça marche fort. Sinon, c’est le silence. Au début, je traduisais en anglais les vannes très fortes de mon show français et ça ne marchait pas, sauf pour une ou deux. Je me suis gouré. Le stand up pur, c’est un truc d’artisan. Tu le fais tous les jours, tu retravailles tes textes. Ici, contrairement à la France, personne n’écrit son spectacle une fois pour toutes”.
Première partie de Jerry Seinfeld le 8 juin
Ce qui a changé aujourd’hui? Gad Elmaleh a recruté un professeur d’anglais qu’il voit “quasiment pour les jours” pour l’aider à bien placer les accents toniques et à rendre ses textes plus percutants. Il est aussi aidé dans l’écriture par le comique américain Harrison Greenbaum, qui assure ses premières parties, et par son “ami” et mentor Jerry Seinfeld. Ce dernier l’a invité à faire la première partie de son show le 8 juin au Beacon Theater, un beau coup du pub. “A New York, c’est simple, je ne fais que travailler. Je travaille en permanence sur le show. Je n’ai pas fini de le roder. C’est un travail constant.”
Et il n’a pas finit de travailler. A partir d’août, il part en tournée à travers l’Amérique du nord. Il est attendu à Boston, Washington, Toronto, Chicago, Vancouver, Los Angeles et Oakland. En février, il promet d’apparaitre “dans une grande salle à New York” , sans dire laquelle. “Je suis fasciné par sa capacité de travail, glisse Kev Adams. Et ça vient de quelqu’un qui travaille énormément” .
Ce n’est pas l’inspiration qui manque. Entre le subway new-yorkais et Donald Trump, les sujets sont nombreux. “C’est une renaissance, une nouvelle vie, ajoute Gad Elmaleh à propos de sa reconversion américaine. Quand je vais au théâtre, je suis excité. Quand je sors de chez moi et que je marche vers le théâtre, je me revois il y a vingt ans au Trévise. J’y vais tout seul. Je n’ai pas de sécurité, d’assistant, de chauffeur. Il n’y a pas de grosse équipe technique. C’est moi et mes vannes, et je suis heureux.”
Propos recueillis par Emmanuel Saint-Martin et Alexis Buisson
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Je suis française, je vis aux Etats-unis, j’en ai marre que les Américains croient qu’on passe notre temps à coucher avec n’importe qui – et nous traitent en conséquence- et il vient renforcer les stéréotypes sans signaler une fois qu’il plaisante?
okay okay relax its just sex…
Un peu déçue qu’à nouveau le Texas soit oublié de la tournée d’un artiste français aux US. Pourtant rien qu’à Houston nous sommes environ 10 000…