Un demi-siècle de jumelage, cela se fête. Et notamment avec du bon vin, lorsque les deux villes partenaires s’appellent Bordeaux et Los Angeles.
« C’est la première fois que nous célébrons l’anniversaire d’un jumelage avec des festivités de cette ampleur. Nous comptons d’ailleurs nous appuyer sur ce modèle pour célébrer les prochains anniversaires d’autres villes jumelées avec L.A» explique Kamilla Blanche, directrice des Arts et de la Culture à la mairie de L.A et responsable du programme de jumelage. «L’année 2014 sera marquée, de janvier à décembre, par une série d’événements dans nos deux villes respectives. La gastronomie de nos deux régions, la culture et l’art y seront tout particulièrement à l’honneur pour célébrer la signature du jumelage en 1964».
Parmi les festivités les plus attendues, la soirée de lancement de cet anniversaire, organisée le 15 janvier prochain au Convention Center de Los Angeles, en ouverture du L.A Art Show, la plus grande foire d’art de la côte ouest qui a lieu tous les ans à cette période. 500 invités de marque sont notamment attendus parmi lesquels le maire de Los Angeles Eric Garcetti, une délégation de la mairie de Bordeaux (finalement sans Alain Juppé, dont la venue avait été initialement annoncée), les acteurs Tim Robbins, George Chakiris, Julie Delpy, Lily Colins et Cheech Marin ou encore le directeur du grand musée d’art de Los Angeles (LACMA), Michael Govan. Au programme : dégustation de Grands Crus de Bordeaux et expositions d’art (des photos du père d’Eric Garcetti, le politicien Gil Garcetti, des reproductions de tableaux d’artistes « chicanos » et des œuvres d’artistes du France los Angeles Residency Exchange, un programme artistique d’échange entre les deux villes organisé depuis 2010).
La Californie vinicole sera de son côté à l’honneur lors de l’édition 2014 de « Bordeaux Fête le Vin », organisée du 26 au 29 juin prochain dans la capitale girondine. Le reste de l’année, auront également lieu des projections de films, des conférences et des échanges entre différentes institutions artistiques et éducatives des deux villes.
Un Bordelais parmi les premiers exploitants viticoles de L.A
« Los Angeles a des liens historiques très forts avec la France : la communauté française a notamment joué un rôle important dans la construction de notre ville » rappelle Kamilla Blanche. Ce fut notamment le cas d’un habitant de la région bordelaise, dont une rue de Los Angeles porte encore aujourd’hui le nom : dans les années 1830, Jean-Louis Vignes -son vrai nom!- a ainsi été le premier à cultiver et commercialiser des vins de qualité à L.A, dont les pieds de vignes étaient importés de Bordeaux. C’est autour de ces vignes, que s’est d’ailleurs établi par la suite le quartier de la communauté française de Los Angeles, baptisé à l’époque « French Town ».
« L.A est en train de devenir un centre culturel de plus en plus important aux Etats-Unis, notamment dans le domaine de l’art » explique également Kamilla Blanche. « Ce type de partenariat nous permet de mettre en valeur le rayonnement de notre ville en la matière. Il y a un intérêt de plus en plus fort du public pour ce type événements et notamment des Français: ils représentent le 4ème marché touristique le plus important pour L.A», souligne-t-elle.
Un jumelage revigoré
La directrice du programme de jumelage reconnaît toutefois que la dynamique du partenariat entre les deux villes n’a pas toujours été aussi intense. «On constate qu’à travers l’histoire des jumelages, il y a toujours des périodes animées et d’autres plus calmes. Il est certain que l’approche du 50ème anniversaire entre Bordeaux et L.A a permis récemment de revigorer ce jumelage”: dès 2010, avec la création d’une résidence croisée d’artistes entre les deux villes ou encore le baptême d’une rame de tramway “Los Angeles”. “C’est un échange qui marche d’ailleurs dans les deux sens : autant à Los Angeles qu’à Bordeaux », précise-t-elle.
Au delà du vin et de la culture, la perle d’Aquitaine et la Cité des Anges demeurent deux villes assez différentes l’une de l’autre, ce qui pour Kamilla Blanche, est loin d’être un problème. « Le but du jumelage est aussi de mettre en relation des villes dont les profils sont assez éloignés, afin qu’elles s’enrichissent mutuellement de leurs différences : tel était le but pacifique du président Eisenhower au sortir de la guerre, en 1956, lors qu’il a encouragé les premiers jumelages avec des villes à l’international».