Qui sont les grandes femmes qui ont, souvent dans l’ombre, façonné l’histoire des relations franco-américaines ? Pour célébrer mars, le mois de la femme aux Etats-Unis, nous nous sommes penchés sur 5 portraits de femmes qui ont contribué à bâtir un trait d’union entre les deux rives de l’Atlantique.
Anne Morgan, la philanthrope au secours des Français (1873 – 1952)
Anne Morgan est la fille du banquier John Pierpont Morgan, plus connu sous le nom de JP Morgan. En 1914, la jeune femme et quelques membres du Colony Club, premier club privé réservé aux femmes à New York, se rendent en France pour soutenir les soldats de la Première Guerre mondiale.
Ensemble, elles lèvent des fonds auprès de leurs compatriotes pour soutenir les blessés et fondent une maison de convalescence près de Versailles. Anne Morgan s’installe à Blérancourt dans l’Aisne en 1917 et aide la population locale à se reconstruire pendant l’entre-deux-guerres. Elle poursuit ses efforts lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate et fonde en 1924 un musée historique franco-américain, encore ouvert aujourd’hui.
Anna Coleman Ladd, celle qui réparait les gueules cassées (1878 – 1939)
Née à Philadelphie, Anna Coleman Ladd se forme à la sculpture entre Rome et Paris. Elle rencontre son mari à Boston et lorsque ce dernier est muté en France pour la Croix-Rouge américaine, le couple déménage en 1917. Rapidement, la jeune sculptrice découvre le travail de son confrère britannique Francis Derwent Wood, qui réalise des masques pour les personnes défigurées à Paris.
Elle décide de monter son propre « studio pour masques-portraits » avec la Croix-Rouge et commence à recevoir des gueules cassées, ces soldats défigurés par la Première Guerre mondiale. Elle réalise des masques en argile et en cuivre pour permettre à ces hommes brisés de retrouver leur visage d’autrefois. Grâce à sa technique, elle lègue à la postérité une formidable avancée dans la conception des prothèses.
Josephine Baker, l’Américaine qui a fait rêver la France (1906 – 1975)
La vie de Josephine Baker a commencé dans la misère. Aînée d’une famille afro-américaine pauvre dans le Mississippi, la jeune fille passionnée de danse quitte le foyer familial à 16 ans pour tenter sa chance à New York, où elle repérée pour un spectacle à Paris. Josephine Baker traverse l’Atlantique en 1925 et fait vibrer la France dans un spectacle, “La Revue Nègre”, perçu comme exotique par ses contemporains. Elle acquiert la nationalité française par alliance en 1937.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’artiste s’engage auprès des services secrets de la France libre du général de Gaulle et transporte notamment des messages de guerre dans ses partitions et ses costumes. Alors qu’elle cherche à regagner le cœur des Américains dans les années 1950, elle est heurtée par le racisme qui y règne et s’engage dans la lutte pour l’égalité des droits civiques auprès de Martin Luther King Jr. Après une vie de danseuse, chanteuse, actrice, contre-espionne, résistante, activiste, pilote et plus encore, elle s’éteint en 1975 à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et reçoit les honneurs militaires et les hommages de toute la communauté artistique en France.
Julia Child, l’ambassadrice de la cuisine française (1912 – 2004)
Quelle plus belle façon d’aimer la France qu’à travers sa cuisine ? L’une de ses plus grandes ambassadrices aux Etats-Unis était sans doute Julia Child. Née à Pasadena en Californie, rien pourtant ne la destinait à devenir cheffe. Après une brève carrière de publicitaire à New York, elle rencontre son mari, un francophile qui lui fait découvrir le pays de la gastronomie.
En 1946, elle goûte des huîtres et une sole meunière accompagnées d’une bouteille de Pouilly-Fumé dans un restaurant à Rouen. C’est la révélation : Julia Child décide de devenir cheffe. Elle prend des cours à Paris et commence à traduire des livres de cuisine adressés aux Américains. De retour aux Etats-Unis, elle signe le best-seller Mastering the Art of French Cooking en 1961 et anime l’émission “The French Chef” sur la chaîne WGBH, qui sera un succès national pendant dix ans.
Lady Liberty, la femme française qui « éclaire le monde » (1875 – )
Du haut de ses 93 mètres, Lady Liberty est incontestablement une grande dame. Cadeau de la France aux Etats-Unis dévoilé en 1886 pour célébrer le centenaire de la Déclaration d’indépendance américaine, la Statue de la Liberté a été réalisée par le Français Auguste Bartholdi avec l’aide de Gustave Eiffel pour la structure intérieure.
Beaucoup de légendes gravitent autour du modèle qui aurait inspiré l’artiste pour le visage de la célèbre Lady. Les hypothèses les plus courantes avancent qu’il aurait reproduit les traits de sa mère, dont il était très proche, d’une prostituée de Pigalle ou de la fiancée américaine de l’un de ses amis chers. Aujourd’hui symbole des Etats-Unis et de la liberté dans le monde, Lady Liberty a rejoint le patrimoine mondial de l’Unesco en 1984.