“J’ai toujours eu l’esprit entrepreneurial, avec l’envie d’être mon propre chef“, confie Mylène Chambru. Après une dizaine d’années passées dans l’hôtellerie de luxe, la Française de New York a lancé sa propre entreprise, Keenobby, l’an dernier.
Conçue comme une plateforme en ligne, la start-up met en relation des experts avec des individus prêts à apprendre et à découvrir un nouveau savoir-faire. Les “expertainers, parce que ce sont des experts mais aussi des entertainers” comme l’explique la jeune Française, reçoivent chez eux des petits groupes d’amateurs pour des ateliers et des cours divers. Du jardinage à la cuisine en passant par la bijouterie, la photographie ou la fabrication de produits bien-être, chacun repart avec une création personnelle.
“C’est une communauté de passionnés, résume Mylène Chambru. J’ai vraiment envie de mettre en avant des gens qui n’ont pas les moyens ou le temps de se faire connaître, qui n’ont pas de site internet par exemple. Et pourtant, ils ont le même mérite que des professionnels. On veut montrer aux personnes qui cherchent des expériences qu’il n’y a pas que les institutions, mais aussi un vivier de talents qui sont là, et parfois cachés”.
Des talents que la start-up dévoile aussi lors de foires ou festivals d’artisanat comme le Fad Market, dimanche 16 juillet. Plusieurs ateliers Keenobby se tiendront au Invisible Dog Art Center à Cobble Hill.
Originaire du sud de la France, la jeune femme fait ses armes dans l’univers des grands hôtels. Après des études de tourisme et d’hôtellerie, Mylène Chambru se dirige rapidement vers le luxe. D’abord sur les îles Paul Ricard près de Bandol, puis au Ritz à la fin des années 2010, où elle occupe le poste d’agent de réservations. Elle part ensuite chez FastBooking, une start-up spécialisée dans le guide de voyage digital.
Pour suivre son mari diplomate, elle débarque à New York en 2013, et intègre la filiale américaine de FastBooking. Six mois plus tard, elle rencontre Hervé Houdré, directeur général de la chaîne d’hôtel InterContinental Barclay qui la recrute comme assistante. Il reste un proche conseiller aujourd’hui. “J’ai eu un petit garçon et en même temps, j’ai eu l’idée de Keenobby. C’était certainement le pire moment de ma vie pour créer mon entreprise, mais avoir mon fils m’a vraiment poussé à le faire”, confie l’entrepreneuse qui, soutenue par son mari, se lance dans l’aventure fin 2016.
A peine lancée, elle remporte la troisième place au French-American Entrepreuneurship Award, qui met en lumière chaque année de jeunes start-ups franco-américaines prometteuses. Aujourd’hui, la jeune entreprise compte 150 “expertainers” pour 12.000 membres environs. “Chaque membre paie l’atelier auquel il participe, mais l’accès au site web est gratuit, et Keenobby prend une commission sur l’atelier”, explique Mylène Chambru, qui imagine pouvoir bientôt se développer sur Boston ou Washington et mettre en ligne une application pour smartphone. “On a un gros concurrent sur New York (Verlocal, ndr), qui a levé deux millions et demi de dollars récemment, mais en même temps, c’est une belle preuve de marché pour moi. C’est très bien d’avoir de la concurrence. Sinon, je me ferais du souci”.
Pour recruter ses “expertainers”, elle devient un véritable chasseur de tête. “J’épluche tout ce qui se fait en ligne, et puis on va à leur rencontre dans des networking, dans des marchés d’artisanat locaux. Et maintenant le bouche-à-oreille commence à opérer”.