Considéré comme le premier ornithologue du Nouveau Monde, Jean-Jacques Audubon (1785-1851), appelé “John James Audubon” aux Etats-Unis, s’est attelé à peindre toutes les espèces d’oiseaux d’Amérique du Nord.
Fraîchement débarqué aux Etats-Unis en 1803 pour échapper aux conscriptions napoléoniennes, le jeune Français se pique d’intérêt pour les volatiles. Après avoir arpenté le territoire américain à la recherche de nouveaux spécimens, il s’installe dans le nord de Manhattan en 1843, sur les bords de l’Hudson River. Voici trois adresses pour marcher dans ses pas.
1. A la découverte des oiseaux des parcs new-yorkais
Il n’y a pas que des pigeons et des moineaux à New York. Loin de là. L’Audubon Society s’attèle à le prouver grâce à ses visites guidées gratuites dans les parcs de la ville. Bécasse d’Amérique, pic maculé, paruline polyglotte … une quinzaine d’espèces d’oiseaux se côtoient chaque jour à Bryant Park, à deux pas de Times Square. Et 129 différentes espèces y défilent par an ! L’occasion de re-découvrir ces coins de verdure qu’on croyait familiers. Des guides bénévoles et passionnés mènent la danse, redoublant d’anecdotes et de conseils pour protéger les oiseaux.
N’hésitez pas à prendre des jumelles. Si quelques paires sont distribuées en début de visite, il n’y en a pas pour tout le monde. Elles sont bien utiles pour observer l’adorable – mais minuscule – “yellow warbler” (paruline jaune) qui aime sautiller sur les hautes branches.
Prochaines visites :
–Bryant Park : Lundi 4 juin 8am-9am
Jeudi 7 juin 5pm-6pm (reprise du 10 septembre au 18 octobre pour les migrations
d’automne)
–Van Cortlandt Park (Bronx) : tous les samedis de 9am à 10:30am (jusqu’au 21 juillet)
–Queens Botanical garden : Samedi 9 juin 9am-10:30am
2. Visite guidée des fresques d’oiseaux dans le nord de Manhattan (Audubon Mural Project Tour)
L’époque a changé : alors qu’Audubon n’hésitait pas à abattre plusieurs oiseaux par jour pour les peindre et les recenser, la National Audubon Society les peint pour les protéger.
En collaboration avec Gitler &_____ Gallery, l’association a lancé en 2014 l’Audubon Mural Project, mêlant art et engagement écologique. Depuis bientôt quatre ans, des dizaines de fresques d’espèces d’oiseaux menacées par le réchauffement climatique ornent les façades d’immeubles des quartiers de Hamilton Heights et Washington Heights (entre la 133 et la 181th street). Si 82 fresques ont été réalisées pour l’heure, l’objectif est de représenter chacune des 314 espèces en danger. Colorées, poétiques, ces fresques ont donc aussi un goût d’urgence.
Pour les découvrir, préférez le week-end ou la fin de journée : beaucoup de fresques sont peintes sur les rideaux de fer des magasins – et restent donc invisibles lorsqu’ils sont ouverts. Coup de pouce non-négligeable : la carte de l’Audubon mural project indique leur emplacement exact.
Des visites guidées sont également proposées une fois par mois le dimanche à 10am.
Pendant 2h, les participants partent à la découverte d’une trentaine de fresques du quartier. Pas de quoi s’ennuyer : chacune d’elle est peinte par un artiste différent et l’on passe sans transition de fresques monumentales aux petites toiles coincées dans l’embrasure d’une fenêtre. La visite se termine par la découverte de la tombe d’Audubon au Trinity Cemetery voisin, impressionnante croix celtique ornée de bas reliefs d’oiseaux.
3. Exposition des aquarelles d’Audubon à la New York Historical Society
“Back to basics”. Pour finir en beauté, la découverte des planches originales d’Audubon s’impose. Des oeuvres d’autant plus d’actualité qu'”American Animals” de Bart Layton, sorti en salles le 1er juin, suit pas à pas le cambriolage organisé par des étudiants à la Transylvania University (Kentucky) en 2004 pour dérober d’inestimables gravures d’Audubon.
Quelques-unes des 435 aquarelles et gravures de l’ornithologue, publiées de 1827 à 1838 dans The Birds of America, sont présentées dans une galerie intimiste de la New York Historical Society.
A l’inverse des représentations assez mécaniques et empesées du début du XIXe siècle, Audubon a imposé un style fluide et vibrant, représentant les oiseaux dans leur habitat naturel.
L’exposition, permanente, est toutefois renouvelée chaque mois. De quoi faire faire quelques tours et détours dans les couloirs du musée, sobrement autoproclamé « plus grand dépositaire mondial de l’Audubonmania ».