L’été s’annonce difficile pour la France, en plein “malaise” selon la presse américaine. Le magazine World Tribune fait le parallèle avec le parcours de l’équipe de France en Coupe du Monde, “un symbole du malaise qui traverse le pays” entre crise économique et scandales politiques. “L’équipe qui a remporté la Coupe du monde 1998 n’est qu’un lointain souvenir mariné dans une bouillabaisse de scandales, de mauvaises performances sur le terrain, et de bouffonneries louche en dehors du terrain.” Après tout ça, la France aurait dû replonger dans un été sans scandale, surtout que le pire de la crise économique semblait être passé. C’était sans compter sur les cigares de Christian Blanc et les dons de Liliane Bettencourt…
Dans la même veine, le Christian Science Monitor s’en donne à coeur joie en ce qui concerne “l’été de scandales de Sarkozy“, celui qui menace “d’engloutir” le Président. En plus des “critiques sévères” et d’une “presse française déchainée“, ce dernier doit aussi faire face à une série de “petits scandales“, Christian Blanc toujours, Bettencourt encore, mais aussi sa mauvaise entente avec Angela Merkel et la lourde défaite des Bleus lors du mondial. Ajoutons à cela les accusations de “corruption” de Ségolène Royal, le tournage du dernier Woody Allen à Paris avec la première dame de France et la réforme des retraites, l’été du Président ne s’annonce pas de tout repos…
Dans l’analyse de la sulfureuse Affaire Bettencourt toujours, certains journaux américains ont décidé de se placer au-dessus de la mêlée. Le New York Times cette semaine prend donc la tangente et analyse la couverture du scandale faite par les journalistes français. Le quotidien américain estime que cette sombre histoire a révélé la place primordiale des médias internet dans le débat public:“Mediapart [a montré] sa capacité à fixer l’ordre du jour de l’actualité, en France, où ses reportages durant plusieurs semaines ont fourni le contenu pour les unes des journaux du lendemain”. Pour le journal américain, Mediapart – le site d’Edwy Plenel avait publié un article qui révélait que l’UMP aurait reçu une donation illégale de Liliane Bettencourt pour les présidentielles – est toujours en avance sur l’actu et a l’impertinence que les médias les plus reconnus n’ont plus: “Ces sites [Mediapart et Rue89] décrochent fréquemment les scoop avant les journaux, télévision et autres médias en France […] Cela distingue la France des autres pays européens où les médias classiques continuent de révéler la plupart des grosses affaires”. Alors Mediapart le nouveau watchdog de l’hexagone? Et puis, l’affaire a pris un tour beaucoup plus grave ces derniers jours avec les dernières accusations de Mediapart – une enquête a été ouverte – et l’Herald Tribune l’a bien compris. Le journal fait le point sur les défis qui attendent Sarkozy à l’approche de son allocution télévisée ce lundi soir: “Il se bat contre les allégations de don illégal de campagne et la confusion du gouvernement qui menace sa crédibilité juste au moment où il impose des réformes et des coupes budgétaires”.
Nicolas Sarkozy sous l’oeil des médias, cette fois pour sa générosité quelque peu douteuse selon le New York Times, qui pointe dans un article du 5 juillet l’augmentation de légions d’honneur remise à des personnalités du monde de la mode: “Depuis que le président a été élu en 2007, la liste des chevaliers de la légion d’honneur comprend le couturier Giorgio Armani, le couturier François Lesage, la mannequin Inès de la Fressange et les designers Gilles Dufour et Carmen Carven Grog, les fondateurs de Carven”: Mais pourquoi donc un tel coup de foudre pour les podiums? Madame Sarkozy y serait-elle pour quelque chose?…
Roman Polanski est libre depuis lundi, après la décision de la justice suisse de ne pas l’extrader vers les Etats-Unis. Eugene Robinson pour le Washington Post ironise: ” Pour Roman Polanski, le long cauchemar indicible d’être confiné dans son chalet de trois étages à Gstaad, la station de luxe dans les Alpes suisses, est enfin terminé.” Libre de se balader dans les rues de la ville Suisse, celui-ci peut également envisager un retour en Pologne ou en France, “les deux pays où il a la citoyenneté – et où les autorités agissent comme si la célébrité et le talent de Polanski pouvaient en quelque sorte nier sa brutalité sexuelle sur une jeune fille de 13 ans .” Pour conclure un article très virulent à l’encontre du réalisateur et le tout Hollywood qui l’a soutenu dans cette affaire, le journaliste se demande: “Tant qu’il évite de la justice américaine, pourquoi ne pas également nous tenir à l’écart de ses films?”
Ozal Emier et Anne-Lise Fernandez