Rendre le marché plus transparent, court-circuiter les intermédiaires : ces principes en plein dans l’air du temps, Romain Cochet a voulu les appliquer au marché de la musique. Pas la musique que l’on écoute tous les jours, mais toutes ces musiques utilisées pour des habillages sonores, des publicités, des jeux vidéos, des app’, des films promotionnels…
Ce jeune Français a créé il y a un an UniqueSound, une plateforme permettant aux compositeurs de se créer une page où ils présentent des extraits de leurs créations, et d’être directement contactés par des marques, des agences, des boites de production ou studios. Ce 22 septembre, la start-up, basée à New York, annonce sa première levée de fonds d’un million de dollars auprès de trois fonds d’investissements (Felix Capital, Foundry Group Angels, ISAI) et quelques business angels, comme Frédéric Montagnon et Denis Hennequin.
“A Paris, j’avais monté mon agence de création de contenus pour les marques, et on nous demandait souvent de trouver des musiques. J’avais créé mon petit répertoire de compositeurs moi-même, et je me suis demandé comment on pouvait mieux organiser ce marché, qui est en pleine croissance. C’est un marché qui accompagne l’essor de la vidéo sur internet, qui s’est énormément démocratisée et dont les coûts ont beaucoup baissé”, raconte Romain Cochet, qui est diplômé de l’école de commerce Audencia, à Nantes.
Son booster, il l’a eu à Paris en septembre 2014, lorsque son projet de start-up a été accepté par l’incubateur Le Camping. Trois mois plus tard, en janvier 2015, c’est le prestigieux accélérateur de start-ups TechStars, à New York, qui lui ouvre ses portes. Il part alors, avec ces co-fondateurs, aux Etats-Unis. Et a décidé d’y rester.
UniqueSound est donc désormais installé à New York. Selon le schéma classique, la partie développement technique et informatique de son entreprise restera basée à Paris, où les ingénieurs sont moins rares et moins chers.
UniqueSound revendique aujourd’hui 1.000 compositeurs enregistrés sur le site, issus de 49 pays. “On les a trouvés un à un. On effectue une sélection, on les contacte et discute avec eux”, explique-t-il. Charles Caste, un compositeur français basé à Los Angeles, a ainsi été repéré par UniqueSound, et a décidé de créer un profil sur la plateforme, “comme 92% de ceux qu’on a contactés”, précise Romain Cochet. Depuis, Charles Caste affirme avoir eu “plusieurs contacts avec des agences ou de marques, comme Verizon” pour des commandes. “Le modèle d’UniqueSound est unique et vraiment nouveau. Je crois que cela peut être très utile pour un compositeur qui n’est pas encore très connu. Cette branche de la musique est relativement confidentielle, c’est un des derniers bastions où les compositeurs peuvent gagner pas mal d’argent”, observe Charles Caste.
Sur chaque transaction, la start-up prélève une commission. “Il y a rarement des deals où les intermédiaires ne prennent pas 50% de commission. Nous, on est deux fois moins chers, on prend entre 20 et 35%”, affirme Romain Cochet, estimant à près de 100 le nombre de transactions réalisées par UniqueSound depuis le lancement, dont certaines pour de grandes marques (Vice, Mc Donald’s…)
Alors que les prix des morceaux sont fixés par l’artiste et qu’UniqueSound ne détient pas les droits d’auteur, le principal risque est que le site ne fonctionne que comme un catalogue, et que les “deals” se concluent en dehors. Romain Cochet en est conscient, et c’est pourquoi il travaille à développer une série d’outils pour faciliter la collaboration entre un musicien et une agence (ou un annonceur) sur un projet musical, et rendre sa plateforme indispensable.
Il parie aussi sur la forte croissance des besoins de musiques, chez des acteurs parfois petits, n’ayant pas de contacts dans ce milieu. “Le marché de la musique pour les productions vidéos, hors films, est estimé entre 5 et 12 milliards de dollars”, affirme-t-il. Espérons qu’UniqueSound y trouve sa place.
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