“Je sors rarement, et quand je sors, ce n’est jamais très tard”. Pour un professionnel de la nuit, Benjamin Maisani est loin d’être un fêtard. Ce Français ne se rend dans ses trois bars gay de Manhattan (et bientôt un quatrième à Brooklyn) que pour “les choses pas très glamour, le travail administratif, régler les factures…”
A l’écouter, la vie d’Antoine Maisani – qui se fait appeler « Benjamin », plus simple pour les Américains – pourrait se résumer à “vélo, boulot, dodo”, avec une bonne dose de gym et parfois des dîners “tranquilles” entre amis qui ne vont pas au-delà des “1h-1h30 du matin”. Une vie plan-plan? Pas vraiment. Le Français partage sa vie avec une star du journalisme américain, Anderson Cooper, qui officie tous les soirs de la semaine sur CNN dans son émission Anderson Cooper 360. Les deux hommes se sont rencontrés en 2009. Depuis, ils sont scrutés. Dans les galas, dans la rue et même à la gym: le mystérieux boyfriend d'”Anderson” intrigue. La presse le décrit tantôt comme le “hot” ou “under-the-radar boyfriend” du journaliste, “intelligent et cultivé” et “gentil” aussi.
Mais l’intéressé refuse systématiquement les interviews sur sa vie personnelle et préfère parler de ses bars. D’ailleurs, il se montre peu aux côtés de son compagnon, dans une “oscar party” par-ci, un gala par-là… “Je comprends que ça intéresse mais moi ça ne m’intéresse pas, explique-t-il. Comme la grande majorité des gens, je n’ai jamais trop réfléchi à ces choses-là, je n’ai jamais eu le désir d’être une personnalité publique. Je me suis rendu compte qu’il fallait faire attention en amont pour éviter que cela ne dérape”, confie-t-il, assis dans son bar d’Alphabet City, Bedlam.
Benjamin Maisani aspire à la simplicité. L’ado de 21 ans qui débarque en 1994 à New York est plutôt “introverti”, “timide”. Il vient à l’époque pour faire des études de cinéma, mais se rend compte rapidement que ce n’est pas son truc. Au bout d’un an, il acquiert une autre certitude: “Je voulais rester à New York”. Il s’inscrit à Hunter College où il étudie l’histoire de l’art. Il obtient son diplôme avec la mention “valedictorian”, comprenez qu’il finit en tête de sa promotion.
Son premier job, il ne le trouve pas dans un bar ou une boite, mais dans l’enceinte – tranquille – de la Morgan Library. Il y assouvit sa passion pour l’art de la seconde moitié du XVIIe siècle… et les atlas anatomiques, qui ne vont pas sans lui rappeler l’univers de ses parents, “médecins-chirurgiens”. “Au bout de cinq ans, j’avais fait le tour de la question, dit-il. Et puis, il faut être honnête, le salaire n’était pas très élevé”.
Le jeune homme, déjà “out” en arrivant à New York, plonge alors dans le monde de la nuit, la nuit gay pour être exact. Il devient barman au Barracuda, un bar gay de Chelsea. “Ça m’a correspondu. J’ai toujours été un lève-tard. Le bar me sortait des livres, de l’ambiance feutrée de la Morgan. Et le fait de se retrouver dans un endroit social, ça m’a forcé à travailler sur ma timidité. Ça m’a donné confiance en moi.”
Avec des associés, il lance son premier bar “Eastern Bloc” en 2005, dans un local trouvé sur Craigslist. Deux autres suivront: Bedlam (pour gays et hétéros) à Alphabet City et Atlas Social Club dans le “gayborhood” de Hell’s Kitchen. Anderson Cooper était présent au lancement, avec quelques autres têtes connues comme Whoopi Goldberg et Andy Cohen.
Un petit quatrième doit voir le jour “au printemps”, à Williamsburg, où les bars gay ne sont pas nombreux. Sugarland, la boite la plus connue des gays du quartier, a fermé début 2014. “Je suis là où ça bouge”, glisse Ben Maisani. Situé dans une ancienne poissonnerie reconvertie en restaurant sur Grand Street, près de l’arrêt Lorimer St, son futur bar aura une ambiance de “club new-yorkais des années 80″. “Ce qui m’intéresse vraiment, c’est de trouver un espace, créer un concept, faire une décoration, mettre une équipe en place…C’est la partie la plus créative.”
Ce qui le botte aussi, ce sont les salles de vente d’art. Le Français, quarantenaire, collectionne des gravures, des dessins et des peintures anciennes. “Il y a toujours une grande vente d’art ancien qui tombe autour de mon anniversaire, en janvier. Je me fais un cadeau à moi-même”. Et d’ajouter: “Les bars gay, c’est un truc de jeunes”.
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Petit problème avec le clavier US apparemment, l’auteur devrait relire l’article pour corriger la ponctuation.