French Morning inaugure une nouvelle rubrique “La question bête de la semaine”: celle que nous nous posons tous, sans jamais prendre le temps d’y chercher une réponse. Pour commencer: mais pourquoi donc les Américains n’ont pas de carte de paiement à puce?
Non, ce n’est une manifestation de french bashing, un boycott d’une invention française (par Roland Moreno en 1974). La raison est plus simple: une histoire de timing. La carte de crédit s’est imposée très tôt aux Etats-Unis, avec la Diner’s Club des les années 1950, et l’American Express, en 1959. Résultat, lorsque la carte à puce a commencé à s’imposer en Europe, dans les années 1990 et surtout 2000, l’usage des cartes à bande magnétique était déjà généralisé aux Etats-Unis, qui restent le premier marché des cartes bancaires au monde, avec 2 milliards de cartes en circulation, et 12,5 millions de terminaux de paiements, soit 27% de la base mondiale (source: Creditcard.com). Le coût de transition vers la carte à puce était donc particulièrement élevé, estimé à quelque 8 milliards de dollars.
“Une autre raison à la résistance des banques américaines est que la fraude est restée faible sur leurs cartes, du fait de l’utilisation de systèmes d’autorisation de paiement en temps réel, une pratique que les banques françaises n’ont jamais adoptée”, explique Gwen Bézard, directeur de la recherche de Aite Group, société de consultants spécialisés dans le secteur.
Mais à force d’attendre, les Etats-Unis se sont retrouvés isolés. Ils sont désormais le seul pays du G20 où le système EMV (d’après les initiales d’EuroCard, Mastercard et Visa, qui ont collaboré en Europe pour développer le protocole de cartes) ne se soit pas imposé, devenant le terrain de jeu favori des falsificateurs de cartes à bande magnétique. Les compagnies de carte de crédit ont décidé de réagir, en imposant une date butoir à octobre 2015 , à partir de laquelle les commerçants devront être équipés de lecteurs de carte à puce, sous peine d’être responsables en cas de fraude.
Du pain bénit pour les fabricants. Et une bonne nouvelle pour la France: le leader mondial Gemalto, est franco-néerlandais, suivi de près par Oberthur Technologies, société française également.
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