On connaissait Marc Lavoine charmeur, séducteur, doux. New York va le découvrir brutal, violent, dur.
Le 23 novembre, le chanteur reconverti en acteur (“Le Cœur des Hommes”, “L’Enfer”, “La liste de mes envies”…) viendra présenter “Papa was not a Rolling Stone” en clôture du festival In French With English Subtitles. Il sera accompagné d’Aure Atika et de Sylvie Testud, avec lesquelles il partage l’affiche de ce premier film de Sylvie Ohayon, sorti en 2014. Il y incarne un beau-père qui trompe sa femme et frappe sa belle-fille, la jeune Stéphanie (Doria Achour), qui rêve de quitter son quotidien dysfonctionnel entre les barres de la Courneuve, en Seine-Saint-Denis.
Un rôle à “contre-emploi“, ont noté les critiques, pour l’interprète du tube “Elle a les yeux revolver”. Qui a dû “trouver en (lui) sa propre violence, sa propre colère” pour rentrer dans la peau du personnage. “C’est difficile de gifler une jeune fille ou une gamine, ou de dire à Jean-Jacques Goldman: ‘ça gaze?’” , confie-t-il à French Morning en faisant référence à des scènes du film. “En même temps, le rôle est utilisé pour faire comprendre le reste.”
Le reste, c’est une fresque de personnages qui s’aiment, se détestent, se soutiennent, se détruisent. Au milieu, Stéphanie, élève brillante, qui rêve de “Paris” envers et contre tous. A commencer par sa meilleure amie, Fatima (jouée par Soumaye Bocoum, en lice pour le César de la révélation 2015), qui voit dans ses ambitions un lâchage. Pour sa mère (Aure Atika) aussi, qui veut lui donner le futur qu’elle n’a jamais eu tout en la tenant pour responsable de sa vie ratée. Autour, il y a ses amis, des juifs, des arabes, des gens qui croient en elle comme son professeur de danse (Sylvie Testud)… Et Jean-Jacques Goldman, dont la musique accompagne cette famille en lambeaux dans la Courneuve des années 80.
“L’Amérique est un beau pays”
Pour Marc Lavoine, ce film “important pour moi” avait des allures de retour aux sources. “J’ai grandi en banlieue dans les années 60 et 70. C’est important d’être dans un film qui montre des gens vivre ensemble dans un environnement qui est aujourd’hui critiqué, dit-il. Aujourd’hui, même s’il y a des tensions, même si le présent est difficile, il y a beaucoup plus de gens en banlieue enthousiastes pour l’avenir que d’imbéciles qui veulent faire brûler des voitures” .
Venir présenter “Papa was not a Rolling Stone” à New York, “c’est gratifiant” , dit-il. D’autant que les Etats-Unis sont un peu sa deuxième patrie. Papa d’un jeune franco-américain, Simon, issu de son premier mariage avec le mannequin afro-américain Denise Pascale, Marc Lavoine fit une année sabbatique chez l’Oncle Sam à la fin des années 80. “J’ai composé cinq disques aux Etats-Unis, dont mon premier album. C’est important pour moi d’y retourner. J’ai une histoire avec les Etats-Unis. J’étais à Los Angeles le jour de l’investiture d’Obama. J’ai le même âge que lui. Il a la même couleur que mon fils. L’Amérique est un beau pays” .
Le Français est même présent sur les écrans américains, dans “Crossing Lines”, une série policière diffusée sur NBC et bientôt sur Netflix. Il interprète le commissaire Louis Daniel au côté de William Fichtner et Donald Sutherland. Percer aux Etats-Unis? “J’ai jamais eu ce genre d’espérance. Mon espérance, c’est le travail. Et mon travail m’emmène ici ou là” , glisse-t-il.
En attendant, son projet du moment n’est autre qu’un roman autobiographique, à paraitre en janvier, qui pourrait bien donner lieu à un film qu’il réaliserait. “C’est en train de se décider, confie-t-il. Je procède par étapes. Les promesses, ce n’est pas mon truc. J’essaye de créer des surprises et de me surprendre” .