Apprendre une langue très jeune rend plus ouvert et tolérant: voici la conclusion d’une étude dirigée par Krista Byers-Heinlein, chercheuse à l’université Concordia, à Montréal, parue dans l’édition de mars 2015 de la revue Developmental Science.
La chercheuse a mené une expérience auprès de 48 enfants, bilingues et monolingues, âgés de cinq ans. “Nous leur avons raconté l’histoire suivante : Benjamin est né de parents chinois, mais a été adopté immédiatement par des Anglais. Quelle langue va-t-il parler, anglais ou chinois ? Les bilingues tendent à penser qu’il va parler anglais. Tandis que la majorité des monolingues répondent qu’il va parler chinois.”
Ensuite, la chercheuse a posé aux enfants une autre question : Benjamin est un petit hibou, né de parents hibous. Il a été adopté par une famille de chiens. Va-t-il courir ou voler ? Et va-t-il aboyer ? Cette fois-ci, les enfants monolingues ont pensé, en majorité, que le petit hibou allait voler… Tandis que les bilingues, et en particulier les “bilingues séquentiels” (ceux qui ont appris une seconde langue dans un deuxième temps, à partir de 3 ans), ont eu tendance à répondre que ce petit hibou allait courir, comme un chien. En bref : les enfants bilingues ont tendance à penser que tout est acquis, rien n’est inné.
Selon la chercheuse, ce mode de pensée les prédispose à une forme de tolérance et d’ouverture à la différence. “Les stéréotypes, les préjugés, le racisme des adultes dérivent d’une forme de pensée essentialiste très ancrée, explique la chercheuse. Nous montrons que l’apprentissage d’une seconde langue très tôt dans la vie change la manière dont les enfants perçoivent leur environnement, et modifie leur façon de penser. L’apprentissage d’une seconde langue permet de faire comprendre aux enfants très jeunes que certaines choses sont acquises, et non innées.”
L’étude est partie d’un constat, dressé par divers travaux de recherche : les jeunes enfants ont tendance à penser que les traits caractéristiques des individus, leurs goûts, leurs préférences alimentaires ou vestimentaires sont “innés”. Bref, qu’ils sont déterminés dès la naissance plutôt qu’acquis en fonction du milieu environnant.
Les enfants bilingues sont moins enclins à ces raisonnements “essentialistes”, montre la chercheuse en psychologie. “Grâce à notre découverte, selon laquelle le bilinguisme atténue les croyances essentialistes, nous sommes portés à croire que l’apprentissage d’une seconde langue durant l’enfance pourrait favoriser l’acceptation de la diversité sociale et physique chez les humains.”
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avant de généraliser… il faudrait répliquer cette étude, s’assurer de contrôler une multitude de variables (culturelles, familiales, “éducatives”, cognitives, ” de capacité imaginative”, …)…. et avoir des échantillons plus larges.
Au fait, à quel milieu socio-énonomico-culturo-etc appartenaient les petits de chacun des 2 groupes de l’étude en question ?