Si vous suivez le break dance ou le hip hop, le nom d’Anne Nguyen vous dit certainement quelque chose. Cette figure de la discipline, fondatrice de la compagnie par Terre, est à New York pour quelques jours dans le cadre du festival Crossing the Line du FIAF.
La chorégraphe présentera deux shows: “Autarcie (….)” à Gibney Dance du 29 septembre au 1er octobre et “Graphic Cyphers” dans le Bronx vendredi 23 septembre et à Times Square le dimanche 25. Dans ce deuxième spectacle, elle a travaillé avec vingt danseurs new-yorkais recrutés par l’association Dancing in the Streets pour ré-imaginer le concept de “cypher”, nom donné au cercle que forment les danseurs lors d’un “battle” . “D’habitude, le spectateur extérieur au cercle voit les danseurs de dos. Dans le spectacle, ces derniers formeront par exemple des cercles autour de certains spectateurs. On voulait vraiment questionner la place du spectateur et jouer avec leur inaction” , explique la jeune femme.
Briser les codes, une marque de fabrique pour la chorégraphe qui a monté en 2014 un spectacle mêlant hip hop et musique de chambre. Avant la danse, elle étudiait les sciences. Contraintes spatiales, précision des gestes, géométrie des corps et des mouvements: la pensée scientifique imprègne d’ailleurs toujours le travail qu’elle réalise depuis 2005 avec sa compagnie par Terre. “J’aurais bien aimé découvrir de nouvelles planètes, mais ma passion pour la danse a pris le dessus. C’était impossible de le faire à moitié” , sourit-elle. Nous sommes alors dans les années 80. La “culture hip hop” se propage. “J’étais attirée par le message de développement personnel véhiculé par le hip hop. Je voulais danser” , se souvient cette adepte des arts martiaux.
Elle découvre l’univers du break à Montreal lors d’un séjour d’études en 1999 et rejoint plusieurs compagnies de hip hop prestigieuses en France comme Black Blanc Beur, considérée comme la troupe professionnelle de hip hop la plus ancienne de France.
Ex-Championne de France de break féminin, ex-championne du monde, artiste associée au Palais de Chaillot jusqu’en 2018, lauréate de plusieurs prix de chorégraphie mais aussi poète et prof à Sciences po: Anne Nguyen trace son chemin dans un univers très masculin. “Il est de plus en plus ouvert et brasse énormément de gens. C’était même mieux d’être une fille car ça me permettait d’être la seule danseuse du groupe et d’accumuler les expériences” .
Elle avait participé à plusieurs “battles” aux Etats-Unis, et côtoyé plusieurs grands noms américains de la discipline comme Brian Green, mais n’avait jamais présenté son travail ici. “Dans l’imaginaire, quand on pense hip hop, on visualise New York. C’est très fort, c’est le berceau” . Outre les deux performances, elle participera à une conférence sur l’ “impact des inégalités culturelles sur les artistes” le samedi 1er octobre. Au-delà, elle espère que ce voyage américain sera “une première étape” . Elle sera à Los Angeles avec sa compagnie le 6 octobre.