“Je pensais qu’on était au pays de la hi-tech” . Le micro de François Fillon grésille, mais heureusement, cela ne dure pas.
L’ancien premier ministre est à New York pour convaincre les expatriés de voter pour lui à la primaire des 20 et 27 novembre. Une centaine de Français sont venus l’écouter, jeudi, au restaurant Opia, détailler son “projet de transformation “ pour “redresser la France autour de l’idée de liberté” . Parmi eux, son ami CharlElie Couture et des supporters comme le conseiller consulaire Jacques Brion et l’assureur-santé Eric Thoby, responsables respectivement de ses comités de soutien en Floride et à New York. “Je veux que dans les manuels d’histoire on se souvienne de moi comme celui qui a redressé son pays. On ne peut pas dire cela de François Hollande” , a-t-il fait valoir après avoir défendu la fin des avantages sociaux et l’instauration d’une “nouvelle éthique républicaine” . Tout en décochant quelques flèches à ses adversaires et François Hollande taxé de “président des faits divers” .
L’ex-chef du gouvernement n’était pas venu seul: Henri de Castries, ex-PDG d’Axa, un proche parmi les proches, avait également fait le déplacement et organisé, jeudi soir, une soirée de levée de fonds au très exclusif Links Club en présence d’une soixantaine de personnes – “plutôt des chefs d’entreprises et des banquiers” selon Eric Thoby – invitées à faire une donation maximale de 7.500 euros (15.000 pour les couples) conformément à la loi.
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François Fillon n’est pas le premier candidat à la primaire à venir solliciter les votes et les fonds des Français de New York. L’an dernier, Bruno Le Maire avait fait un meeting dans les locaux de la start-up de lingerie Adore Me. Puis Alain Juppé avait profité d’un déplacement au gala des Amis américains de la Cité des civilisations du vin à l’ONU pour tenir un meeting public et participer à deux discrets repas de levée de fonds.
“Il y a quelques grandes villes pour les Français à l’étranger. New York en fait partie. Je voulais venir plus tôt, mais les attentats m’ont obligé à changer le calendrier” , a raconté l’ancien locataire de Matignon quelques minutes avant son meeting. Le député de Paris arrive en terre new-yorkaise devancé dans les sondages par ses principaux adversaires, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Mais il a encouragé ses supporters à ne pas se “laisser impressionner par les sondages sur les primaires. Il n’y a jamais eu de primaire à droite donc il n’y a pas de matrice pour faire des corrections. Et trois-quarts des électeurs ne savent pas encore s’ils iront voter (…) Ma cote d’avenir est toujours devant celle de Sarkozy, et elle progresse, même si elle est derrière Juppé” .
“Plus proche des positions de Hillary Clinton”
Pour rattraper son retard, l’élu veut mettre en avant ses différences par rapport à ses adversaires qui “sont sur des stratégies politiques plus classiques, soit de retour en arrière soit de réforme dans la prudence ou avec une forme de modération. Moi je pense qu’on est confronté à un risque de décrochage important qui nécessite un choc psychologique qui passe par un certain nombre de réformes qu’on n’a jamais pu faire dans le passé”, comme la suppression de la durée légale du temps de travail, de l’ISF ou la refonte du paysage parlementaire. “Les projets de mes principaux compétiteurs restent très étatiques. Aucun n’a fait la révolution intellectuelle nécessaire pour proposer une transformation de la société. Ils proposent des réformes. Je propose une transformation” .
Cette transformation, c’est la flexibilisation du marché du travail – “il serait temps qu’on accepte les emplois précaires car c’est toujours mieux de travailler…“- , la maîtrise des dépenses publiques ou encore la tenue d’une série de référendum à partir de septembre 2017 pour réduire le nombre de parlementaires et supprimer les avantages sociaux. “Cela ne me dérange pas qu’on me qualifie de thatcherien. Elle a redressé son pays. Moi non plus, je ne recule pas. ”
Alors que le début de campagne en France laisse entrevoir un affrontement tendu pour l’Elysée, que pense-t-il d’une autre élection présidentielle qui bat son plein en ce moment, aux Etats-Unis ? “Un homme politique n’a pas à prendre parti, surtout quand il est candidat, mais je peux dire que le débat politique aux Etats-Unis m’inquiète. On voit les signes d’une forme de radicalisation à laquelle on assiste aussi dans d’autres pays et qui est préoccupante. Incontestablement, je me sens plus proche des positions d’Hillary Clinton” , confie-t-il.
Vendredi, François Fillon devait rencontrer l’Ambassadeur de France à l’ONU François Delattre, ainsi que les journalistes de la rédaction du site d’information économique Bloomberg et leur patron, l’ancien maire de New York Michael Bloomberg. Le comité de soutien new-yorkais prévoit d’organiser la retransmission du premier débat de la primaire, le 13 octobre, dans un endroit qui reste à déterminer.