USA Today, New York Magazine: une drôle d’information s’est propagée ces dernières jours dans la presse américaine: les Français n’auraient pas le droit d’utiliser leur e-mail après 18h. What?
À l’origine de cette information, fausse bien entendu, un post de blog “When the French clock off at 6pm, they really mean it” publié sur le site du Guardian, le journal britannique. Son auteure, Lucy Mangan, y affirme qu’un nouvel accord entre patrons et syndicats oblige “un million” de travailleurs français à éteindre leur téléphone à 18h pour pouvoir se reposer. La bloggeuse cite un article des Echos rapportant un avenant à l’accord de 1999 sur les 35 heures passé entre Syntec et Cinov, respectivement le syndicat patronal de l’ingénierie et le syndicat patronal des bureaux d’études, avec la CFDT et la CGC.
C’est l’affirmation, dans cet accord, d’une « obligation de déconnexion des outils de communication à distance » pour garantir le respect des durées minimales de repos qui a interpelé le quotidien britannique, alors que l’avenant en question compte sept feuillets.
La presse mondiale a repris l’information de bon cœur, sans se poser de trop questions sur l’aberration qu’elle représente – et trop contente de tailler un costard à ces Français qui ne travaillent que 35h par semaine. Or, comme le rapporte Les décodeurs du Monde, les salariés concernés par l’avenant ne sont pas soumis au régime des 35 heures mais au régime du forfait-jours, ces contrats concernant les salariés autonomes.
L’amalgame a donc été total, visiblement encouragé par la réputation des Français. Depuis, The Guardian a ajouté une correction à l’article. Alors que le journal avait annoncé qu’un million de personnes était concernées, entre 200.000 et 250.000 personnes le sont vraiment. Aussi, “il n’y pas d’heure particulière à laquelle ils sont obligés de se déconnecter“, précise le quotidien. L’honneur est sauf!