Thomas Marchand et Sidarth Radjou sont les heureux co-fondateurs et co-dirigeants d’une des sociétés bio-médicales les plus prometteuses du moment.
BIOMODEX développe des organes synthétiques imprimés en 3D à partir de l’imagerie médicale. “On récupère les scanners d’un parcours de soin classique, on traite les données et on fait en sorte qu’elles soient imprimables”, selon Thomas Marchand. Le résultat est bluffant: un organe artificiel sur lequel on peut simuler un geste chirurgical.
Idéal pour la formation des chirurgiens. “C’est moins cher et plus efficient en terme de pédagogie que le recours à des pièces anatomiques d’animaux ou d’humains“. Les chirurgiens confirmés sont également intéressés, car la 3D permet d’imprimer un organe en résine polymérisée avec toutes les spécificités du patient: “On part du scanner de Mme Martin et on imprime en 3D son cœur pour que le chirurgien puisse s’entraîner la veille de l’opération sur l’anatomie particulière de sa patiente“, explique le co-fondateur de BIOMODEX.
“On peut reproduire du dur et du mou, des tissus, tendons, veines, nerfs pour rendre l’entrainement complètement réaliste“. Pour le moment BIOMODEX se concentre sur les domaines de la cardiologie-vasculaire, l’ORL et l’orthopédie mais tous les domaines de chirurgie sont envisageables.
Il y a trois ans pourtant, les deux co-fondateurs ne se connaissaient pas. Leur rencontre, ils la doivent à leurs sujets de mémoire de master. Sidarth Radjou étudiant à Centrale, travaillait sur l’impression 3D à partir de l’imagerie médicale. Thomas Marchand, à l’Essec travaillait lui sur les opportunités de marché de l’impression 3D dans le domaine de la santé.
“Il y a avait des profs communs entre nos deux écoles qui nous ont convaincu de nous rencontrer. On l’a fait et deux semaines après on créait BIOMODEX“, raconte Thomas Marchand.
Depuis sa création en 2014, BIOMODEX a reçu une dizaine de Prix (dont celui de l’entreprenariat franco-américain FAEA) et a déjà levé 3,8 millions de dollars auprès d’investisseurs français, ce qui a permis à la start-up de s’implanter aux Etats-Unis, priorité de BIOMODEX. Si le siège de la société est à Paris, il existe depuis peu un bureau à Boston pour le volet business-développement. “C’est aux Etats-Unis que l’industrie de la santé est la plus dynamique et que les innovations sont le plus facilement adoptées“, concède Thomas Marchand, tout en reconnaissant l’importance du marché européen.
D’ailleurs, BIOMODEX travaille avec des grands noms français de la chirurgie pour accompagner les produits et valider les expériences cliniques, comme le professeur Alain Cridier (CHU Rouen) et Jacques Moret (Bicêtre).
Les organes artificiels seront commercialisés à partir de 2018, mais 300 chirurgiens ont déjà été formés en 2016 dans le cadre d’un programme pilote.
Pour compléter son offre de formation, BIOMODEX s’est récemment associée à une autre start-up en pleine évolution, Invivox, une plateforme de formation continue pour les chirurgiens. “L’idée, explique Thomas Marchand, est de proposer une formation en deux temps: le matin grâce à Invivox, un apprenant chirurgien junior ou senior qui veut apprendre une technique chirurgicale particulière, va au bloc opératoire observer le chirurgien professeur qui commente ses gestes, ses méthodes, ses outils. L’après-midi, il va pouvoir s’entraîner sur les maquettes BIOMODEX pour reproduire le même geste qu’il a observé le matin“.