Aux Etats-Unis, Yann Arthus-Bertrand redescend sur terre

Aux Etats-Unis, Yann Arthus-Bertrand redescend sur terre

Par Alexis Buisson / Le 16 février 2015 / Actualité

« On peut faire ça rapidement ou pas? » Yann Arthus-Bertrand est pressé en ce lundi.  Le journaliste-photographe-réalisateur est en train de monter son prochain film, « Human » , une ambitieuse fresque vidéo de l’humanité qui sera dévoilée en septembre aux Nations-Unies et qui bénéficie du soutien de Google.
Et dans quelques jours, il sera dans l’avion pour San Diego où il viendra donner le coup d’envoi d’un autre bébé: l’exposition « 7 milliards d’Autres » ( du 21 février au 13 septembre au Musée des Arts Photographiques).
C’est la première fois que « 7 milliards d’Autres » est montrée aux Etats-Unis, étape importante d’un tour du monde commencé en fanfare en 2009 au Grand Palais. Cette année-là, l’exposition s’est hissée à la 29eme place des expositions les plus visitées dans le monde. En six ans, elle a été vue dans 16 villes par plus de 5 millions de personnes. « Ça commence toujours mollo, mais il y avait la queue jusqu’à 7h du soir hier à Lisbonne, où l’exposition était montrée. Je suis vraiment content. On ne sort jamais indemne d’une telle exposition. Elle dit tellement de choses importantes sur nous-même, le vivre-ensemble, la famille… » estime l’auteur du documentaire « Home » et La Terre vue du Ciel. S’attend-t-il au même carton aux Etats-Unis? « Il n’y a pas un endroit où l’exposition n’a pas marché. Pas un endroit » .
« 7 milliards d’Autres », c’est une mosaïque de 6.000 témoignages, « du pêcheur brésilien à la boutiquière chinoise, de l’artiste allemande à l’agriculteur afghan » , rencontrés dans 84 pays différents. Des reporters leur ont posé les 45 mêmes questions, dont « Qu’avez-vous appris de vos parents? » ou « Quel est le sens de la vie selon vous ? » Le résultat est saisissant: un portrait touchant de l’humanité destiné à ouvrir les esprits. « Il n’y a pas plus belle œuvre d’art que l’homme » , glisse Yann Arthus-Bertrand.
Les Etats-Unis ne sont pas un terrain facile pour le Français, qui reste peu connu de ce côté-ci de l’Atlantique. Un article du New York Times le décrivait en 2011  comme « le parfait inconnu aux Etats-Unis » malgré son succès retentissant en Europe, racontant les difficultés rencontrées par le photographe pour faire projeter gratuitement son documentaire « Home » dans les cinémas américains. « Je m’en fous complètement (de ma célébrité aux Etats-Unis) » , lance celui que le Times a décrit comme l’Al Gore français. On a fait beaucoup d’expositions dans le monde mais qu’une seule aux Etats-Unis, à Chicago. On a un côté très activiste, et on n’a jamais réussi à monter une grande expo aux Etats-Unis » .
C’est le musée des Arts Photographiques de San Diego qui a contacté l’équipe de Yann Arthus-Bertrand pour faire venir « 7 milliards d’Autres ». « C’est de plus en plus comme ça que ça se passe, note-t-il. J’aurais rêvé de le montrer à New York mais cela n’a pas pu se faire faute de financements ».
Le film, initialement intitulé « 6 milliards d’Autres » est un projet de GoodPlanet, la fondation lancée par Yann-Arthus-Bertrand pour sensibiliser le grand public aux conséquences du changement climatique. Il est né en 2003, dans la foulée de La Terre vue du ciel, et a été réalisé par Sybille d’Orgeval et Baptiste Rouget-Luchaire avec l’aide de dizaines de reporters sur le terrain pendant sept ans.
Yann Arthus-Bertrand espère que l’exposition encouragera les curieux à s’engager dans le combat pour la préservation de la planète alors que 195 Etats prévoient de se réunir, en décembre à Paris dans le cadre de la conférence COP21, pour adopter des mesures visant à limiter le réchauffement climatique. « Il ne faut pas attendre grand-chose de ces grandes réunions, juge le militant. Ce sont des réunions consanguines. On est dans une civilisation où la consommation est la clef de la réussite des gouvernements: plus on consomme, plus la croissance est là, plus on peut payer les services publics… Il faut dans ce monde une révolution plus spirituelle que technique, scientifique ou économique. »
Pour lui, la solution viendra d’en bas. « J‘ai défilé à New York avec 400.000 personnes pour la grande marche du climat, il y en avait 20.000 à Paris. Assez étonnamment, le mouvement populaire est un peu plus fort aux Etats-Unis » , observe-t-il.
« Il est beaucoup trop tard pour être pessimiste, on a besoin d’action, il n’y a que les gens qui agissent qui m’intéressent, pas ceux qui parlent. Aujourd’hui, on ne peut pas regarder le monde sans s’engager. C’est ça qui donne du sens à la vie. J’ai découvert ça tard. L’engagement rend heureux » .

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