Le général Instin, vous connaissez? Ce nom recouvre désormais des lampadaires, poubelles et boites éléctriques autour de Central Park depuis l’opération “stickers” du “street artist” français, SP38. Sur ces auto-collants, créés par cet artiste établi à Berlin, on peut lire « Général Instin climax »,« suis ton Instin », « I love Instin ».
Mais qui est donc ce Général Instin? Nommé Hinstin en réalité, il a vécu pendant la seconde moitié du XIXeme siècle. L’écrivain Patrick Chatelier, un ami de SP38 (qui ne souhaite pas donner son vrai nom), lui a consacré plusieurs romans après avoir découvert sa tombe en se baladant au cimetière du Montparnasse. Il a été intrigué par le portrait photographique du général effacé par le temps.
SP38 fait partie d’un collectif d’artistes travaillant sur un projet pluridisciplinaire autour du militaire depuis 1997. Sons, textes, photos: une anthologie du projet sortira en octobre à Paris. Pour en faire la promotion, SP38 pose ses auto-collants un peu partout dans le monde, dont la Birmanie, la Corée du sud, le Canada, le Chili et le Cameroun.
Peintre, SP38 débute son parcours artistique dans les années 90 dans un atelier. Il ressent l’appel de la rue. « J’ai vu qu’il y avait des gens qui faisaient des choses dans la rue, des graffitis, des collages, des pochoirs. Ça m’a donné envie ». Il commence à Paris puis part vivre à Berlin. « Paris était un peu compliqué à l’époque car il y avait beaucoup de répression. A Berlin, c’était assez facile parce qu’il n’y avait pas beaucoup de choses encore dans la partie Est. »
Il peint ses affiches dans son atelier puis va les coller dans la rue. Son but: faire passer des messages de liberté – le thème de sa série “Escape”. Aujourd’hui, il s’engage pour la préservation des océans à travers l’ONG Bloom. Il a réalisé plusieurs affiches avec des pieuvres pour cette cause. « J’ai choisi la pieuvre parce que c’est un animal en danger, mais elle symbolise aussi la ville, les villes qui grandissent, tentaculaires. »
Il voyage au gré des invitations qu’il reçoit. A New York, l’hôtel Quin expose une partie de son travail, notamment ses affiches de pieuvres, jusqu’au vendredi 16 octobre.
« Mon objectif (…) est de faire du monde une grande galerie, un grand musée. J’essaye d’avoir des messages simples que les gens puissent comprendre un peu partout en anglais. Que les gens réfléchissent un peu, qu’il y ait une réaction. »