Revue de presse. « Aucune personne saine d’esprit n’aime donner raison aux Français. Mais cette fois-ci, on doit reconnaître qu’ils ont eu raison ».
L’aveu, déchirant, provient du magazine Forbes. Car les Français, une fois n’est pas coutume, ont eu raison. Raison sur la culpabilité de Lance Armstrong, dopé jusqu’à l’os. L’union cycliste internationale, l’UCI, a décidé de retirer au coureur texan ses sept victoires au Tour de France. Ce Madoff du la Petite reine est accusé d’avoir échafaudé un système méticuleux, extrêmement bien pensé, pour consommer des produits dopants tout en échappant aux contrôles. « Les Français ont été les plus grands détracteurs d’Armstrong, se souvient Cecilia Rodriguez, l’auteur de ce mea culpa. Et ils ont depuis longtemps remis en question ses victoires ».
Pour nous autres, pauvres Gaulois, habitués à être moqués pour notre fâcheuse tendance à donner des leçons, cet aveu est délicieux. « A l’époque, le ressentiment paraissait purement nationaliste, car (Lance Armstrong, ndlr) était Américain. Si les autorités anti-dopage ne trouvaient rien ou ne confirmaient pas les accusations à l’époque, c’est simplement parce qu’il devait être le plus grand athlète de tous les temps. Pour ma part, cela voulait juste dire que les Français étaient jaloux. Mauvais joueurs, même », se rappelle la journaliste, se souvenant même des titres anti-Armstrong dans la presse française.
Mauvais joueurs, jaloux, cyniques, donneurs de leçon : en tout cas les Frenchies avaient vu juste. Mais Cecila Rodriguez nous demande tout de même de ne pas (re)prendre la grosse tête. Pour elle, c’est l’ensemble du Tour de France qui est entaché par la chute du frondeur. Il lui faudra beaucoup de temps et d’effort pour remonter la côte. « Retirer ses titres à Armstrong laisse le Tour de France en lambeaux », écrit-elle. Le site d’information The Christian Science Monitor, dans un article consacré à la révélation la semaine dernière du tracé du Tour 2013, parle aussi de « malaise » et estime que « le Tour de France veut désespérément se débarrasser d’un scandale ».
Moins de Bible contre les homos
Le magazine Vice s’intéresse quant à lui aux mobilisations contre le mariage pour tous en France. Alex McQuillan dresse une comparaison entre les arguments avancés par les anti dans l’Hexagone et aux Etats-Unis. Selon lui, le débat français serait moins teinté de religion, notant que nous autres Français sommes moins enclins à “brandir la Bible” pour manifester notre opposition contre le mariage des gays que nos amis yankees.
Le journaliste s’appuie sur une récente manifestation anti-mariage à Toulouse, à laquelle ont participé 200 personnes, pour étayer son propos. Selon lui « la république française a été fondée sur les idées d’égalité et de laïcité, soit l’absence totale de religion dans les affaires gouvernementales ». Drôle d’idée, cette laïcité, semble dire l’auteur. “En France, on a des grands groupes de personnes qui soutiennent des droits civiques non pas avec des arguments religieux, mais avec la science, la sociologie et une rationalité froide ».
La bonne approche ? Alex McQuillan n’en est pas convaincu. Il y voit “un bouclier pour protéger ceux qui sont étroit d’esprit et ceux qui ont des préjugés“. “D’une certaine manière, pousuit-il, les manifestants anti-gay aux Etats-Unis ont l’avantage de pouvoir utiliser leur religion comme une justification incontestable de leur philosophie intolérante ; les opposants en France n’ont pas ce luxe. Ils doivent adopter un raisonnement». Diable, serait-on tenté de dire.
Egalité des sexes, la France est un cancre
Il n’y a pas que Vice qui parle d’inégalités. Le Washington Post se demande, un brin provocateur, « pourquoi les femmes françaises sont-elles aussi peu égales aux hommes ? ». « Alors que l’Europe de l’Est tend à être de loin le meilleur endroit au monde pour les femmes, un des pays européens les plus progressistes est, surprise, loin derrière: la France ».
Pour épingler notre beau pays, le quotidien s’appuie sur une étude du World Economic Forum, qui place la France en 57e position en termes d’égalité des sexes, « loin derrière la plupart des pays de l’Est européen, et la Mongolie ». Place des femmes en politique, santé, éducation : tout y passe. Mais c’est surtout sur les salaires que la France brille. Selon l’étude, elle serait le pire pays au monde dans ce domaine là. Rien que ça.
Mais pourquoi un aussi mauvais rang ? Le Washington Post répond en posant une question assassine. Citant la très généreuse politique nataliste française, qui remonte à la fin du XIXe siècle, il se demande « est-il possible que ce qui fait que la France est inhabituellement généreuse envers les femmes est aussi ce qui fait qu’elle est aussi dure envers elles ? ». Autrement dit, si les femmes étaient moins prises en charge par l’Etat, seraient-elles plus présentes dans les cercles d’influence, voire mieux payées? « Le miracle français s’accompagne de coûts significatifs, , juge le quotidien, et relègue les femmes dans des fonctions biologiques plutôt que sociales ».