Si vous allez sur le site de FXE Industries vous ne verrez pas grand chose, sinon un message vous prévenant qu’on ne peut rien vous montrer pour l’instant. Il faudra attendre la fin d’année pour découvrir la moto, qui doit à la fois séduire les amateurs et symboliser le renouveau industriel de Brooklyn. Le tout sous l’impulsion d’un Français, co-fondateur de FXE Industries, François-Xavier Terny.
Mais cette moto existe bien, en un unique prototype pour le moment. French Morning l’a vue lors d’une visite exclusive dans les locaux de FXE Industries, un petit bâtiment industriel de deux étages au sein de l’énorme Brooklyn Navy Yard. C’est là que depuis deux ans François-Xavier Terny et son associé américain Edward Jacobs, peaufinent leur moto révolutionnaire.
Passionné de moto de longue date, François-Xavier Terny est pourtant un nouveau venu dans le business: après avoir débuté chez Bain& Company, il a créé la société de consulting Masai, revendue en 2006. Installé ensuite à New York, notamment pour y suivre sa femme américaine, il a rencontré Ed Jacobs, qui travaillait alors chez un petit constructeur de motos “sur mesure” du sud des Etats-Unis.
“Ed avait un talent incroyable pour créer des motos innovantes, mais il était sous-utilisé. Nous avons passé beaucoup de temps à parler moto et c’est lui qui est venu avec l’idée de créer une boîte ensemble”. Nous sommes alors en 2012, “et le marché de la moto était encore sous le choc de l’effondrement subi après 2008. On était passé de 500.000 unités vendues à 2007 à la moitié 3 ans plus tard”. Paradoxalement, c’est ce qui a rendu ce rêve fou de créer une nouvelle moto accessible: “le marché devait se rebâtir et nous avions le sentiment que le marché premium (motos à 20.000 dollars et plus) allait être un des axes de reconstruction”. L’intuition de l’entrepreneur: il y a une place aux Etats-Unis pour des motos différentes à côté du mastodonte Harley-Davidson, qui truste environ 50% du marché mais dont l’acheteur moyen a près de 50 ans.
Ed Jacobs, “designer de génie”, selon son associé, se met alors à sa planche à dessin et revient avec des idées “révolutionnaires” qui permettent d’envisager une moto à l’apparence radicalement nouvelle tout en pouvant être vendue à un prix raisonnable (aux alentours de 30.000 dollars) grâce à un design qui permet notamment de diminuer spectaculairement le nombre de pièces par rapport à une moto traditionnelle.
FXE Industries est né: les deux hommes lèvent un million de dollars, de quoi mener à bien la conception de la moto et faire un premier prototype. Ils en sont là aujourd’hui: quelques privilégiés ont pu découvrir la bête au début de l’été. Le public lui devra attendre le 9 décembre et la présentation officielle à l’occasion du salon de la moto à New York, en même temps que de son nom commercial (mais en attendant, les acheteurs ou investisseurs potentiels peuvent prendre rendez-vous pour la voir).
Parmi les innovations: l’absence de cadre (c’est le moteur lui-même qui est “porteur”) ou de pot d’échappement (remplacé par un caisson intégré au bloc moteur, totalement isolé, éliminant ainsi les risques de brûlures bien connus des motards et de leurs passagers). Pas de clef non plus: la moto est démarrée par un code entré sur la tablette tactile qui sert de tableau de bord. On trouve des rétroviseurs, exigés par la loi, mais ils sont suppléés par une caméra arrière qui projette sur la tablette une vue élargie de ce qui se passe derrière.
Mais l’innovation dont on parlera sans doute le plus dans les mois qui viennent, en tout cas à New York, est ailleurs: les motos seront fabriquées au sein du Brooklyn Navy Yard. Les politiques ne s’y sont pas trompés et le maire Bill de Blasio a fait de FXE Industries un des symboles de ses ambitions de renouveau industriel au coeur de la ville. Et François-Xavier Terny espère bien lui donner raison avec une première livraison des motos “assembled in Brooklyn” prévue pour fin 2017. Auparavant, il lui faudra boucler le tour de table de quelques 10 millions de dollars nécessaires au lancement de la production de masse. Le rêve n’a jamais été aussi proche…